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Philologie d'Orient et d'Occident
16 octobre 2021

Reflets métalliques à Sannaï (3)

 

Philologie d'Orient et d'Occident (485) : le 16/10, 21 Tokyo, Kudo. S.

Sannaï-Maruyama se distingue : par son ancienneté (5000 ans B. P.), par sa durée (1500 ans) et surtout par son absence de conflits internes

Le minerai de fer a bel et bien existé à Sannaï-Maruyama !

kaman2

 

   La boule de fer préhistorique trouvée dans le site Kaman kalehöyük, Turquie (2250-2500 ans avant J.-C) (photo à la page d’accueil de l’archéologue Ômura Yukihiro) (Ce petit bloc de fer, 3 cm de large et 5cm de long pourrait peser 800 grammes environ)

 

   Les quatre ou cinq textes précédents de ce blog nous semblent avoir assuré que la matière première d’où on pouvait tirer du fer de fonte, c’est-à-dire, le minerai de fer avait bel et bien existé sur le site Sannaï-Maruyama.

   Le Sannaï-Maruyama est le plus ancien des vestiges archéologiques de l’âge Jômon nippon (apogée de la prospérité vers 3 500 ans avant J.-C) découvert à l’extrémité nord du Honshû (île principale de l’archipel). Bien existé, avons-nous dit, mais sous quelle forme ? C’est justement là que le bât blesse. Car nous ne disposons d’aucune preuve ontologique de ce minerai qui aurait réussi à survivre à la corrosion. Il y aurait eu, bien entendu, du fer météorique, comme partout dans le monde, et surtout nous avons supposé la possibilité donnée par les volcans environnants (scories volcaniques : cf. billet 480). Mais là, il n’est resté aucune trace d’emploi, ni aucun outil en lien avec les matières métalliques telles : le cuivre, l’airain, le bronze ou le fer.

   Pas de métal, certes, mais il y eut de la laque. Les objets en laque : vernis urushi 漆. Des ustensiles de ménage, pochettes, poteries, figurines, statuettes colorées de rouge trouvées en grand nombre font savoir que les anciens japonais savaient bien se servir d’hématites brunes ou rouges qui sont le pigment qu’on trouve dans ce vernis brillant noir et rouge. L’hématite est un oxyde de fer de couleur rouge. Selon le Grand Dictionnaire Encyclopédique Larousse 1983 « les hématites comptent parmi les minerais de fer les plus importants. On distingue : les hématites brunes, les plus répandues et les plus facilement réductibles, oxydes hydratés renfermant 60 % de fer en moyenne (elles dérivent des carbonates, dont il reste souvent des éléments ; le minerai va parfois jusqu’à l’hématite anhydre, (…) les hématites rouges, anhydres, qui sont souvent mélangés de carbonates ».

   Usagers de la laque et de la peinture, nos anciens avaient donc accès facile au minerai de fer. Mais ils n’ont pas tenté de se servir de cette matière pour produire le fer brut. Pourquoi ? Environnés de vieilles futaies où abondaient les hauts arbres droits, ils pouvaient fournir aux travailleurs exigeant des outils durs et tranchants de quoi accomplir leur ouvrage. L’immense bâtiment principal au centre de la cité avec ses six énormes poteaux (chaque poteau faisait plus d’un mètre de rayon) en témoignerait. Les marronniers, arbres nourriciers, se substituaient au métal. La fonte de fer était difficile à réaliser dans notre terre humide.

   Les Hittites et les Égyptiens en Occident au sol sec, précurseurs dans l’usage de matières d’armes (métalliques) et de construction (pierres, métaux, matières solides), se distinguaient naturellement des habitants de la région située à l’extrémité nord-est d’Asie, qui se contentaient d’outils malléables, plastiques, tous capables de réfection. À leur travail agricole par écobuage, suffisait l’outil de bois simplement solide et léger. Ils vivaient pour ainsi dire à l’aise, sachant bien éviter la précarité.

   L’ensemble des espèces végétales déterminait le modus vivendi entre la faune et la flore : pour la chasse sur terre, pénurie de gros gibier mais du gibier menu à foison. Et sur la côte comme au large, la pêche était abondante. Les habitants de la cité savaient profiter de la mer toute ouverte et favorable sous l’œil attentif de l’autorité dirigeante. Celle-ci savait parer par de nombreux dépôts de provisions aux disettes qui n’auraient pas été rares.

   Bien avant l’ère de la riziculture, qui allait généraliser la prévenance soutenue et l’attention vigilante, on ne souhaitait nullement de s’exténuer à accroître le domaine. Les habitants dédiaient leur attention plutôt aux activités ancestrales, c’est-à-dire, aux cérémonies funéraires (souvent assorties de banquets), leurs tombeaux bien arrangés au centre de la cité. Il faut une autre vision du problème pour expliquer le rapport du site nippon avec ceux de la vallée du Yang-tseu-kiang qui pourraient avoir trouvé la technique de fonte métallique indépendamment de l’Occident (cf. billet 482). - Fin au Fer de Sannaï-Maruyama –  (À suivre)

 

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