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Philologie d'Orient et d'Occident
25 juin 2013

Le Tôhoku (5) - Pays de calamités (1)

Philologie d'Orient et d'Occident (233)

Le 25/06/2013, Tokyo    K.

Pays de calamités (1)     Le Tôhoku (5)

 

    DSC_0001

Biwa par Misao Wada

 

   On a vu dans le billet 231 que le canton de Kazuno était ballotté, à la seconde moitié du XIXe siècle, entre trois départements: Aomori, Akita et Iwate. Ce réaménagement du territoire à l'échelle nationale était rendu nécessaire par le grand changement de régime au début de l'ère Meiji. La conversion d'anciens han 藩 (seigneuries féodales) en départements, comparable à celle qui s'était effectuée en France, à la fin du XVIIIe siècle, avait des raisons politiques.

   Kosaka (cf. billet 229) dont l'aire occupe actuellement l'extrémité nord du canton, dans quel état se trouvait-elle mille ans auparavant, c'est-à-dire, du IXe au Xsiècle, alors qu'elle formait une étendue nébuleuse composée de petites agglomérations des cultivateurs, chasseurs, cueilleurs, bricoleurs et des colons, qu'ils soient Japonais ou Aïnou.

   De nombreux toponymes de cette langue encore en usage dans ces lieux peuvent témoigner qu'un important contingent d'Aïnou, au lieu d'aller habiter ailleurs sous la pression continuelle des nouveaux venus (Japonais), persistait à y séjourner. On a lieu de croire que les Japonais venus du centre-sud et les Aïnou, indigènes, vivaient plutôt en bonne entente, probablement dans un sage partage des activités économiques: les Japonais savaient cultiver des grains, soigner des arbres fruitiers et cueillir noix et glands; les Aïnou étaient d'habiles chasseurs et pêcheurs. La cueillette de petits bambous, des champignons et des herbes comestibles de différentes espèces tenait de leur occupation commune.

   Un livre nous fait savoir que cette image de la cohabitation idyllique des deux ethnies, ne reflétant pas réalité, occultait bien des aspects sombres. Il s'agit de l'Histoire de la communauté de Kosaka (Akita, mairie de Kosaka, comité de rédaction de l'histoire de Kosaka, 1975). Ce pavé de 644 pages, illustré de beaucoup de photos ainsi que de dessins, est un travail d'érudition bien documenté mais très peu lu, car il n'intéresse que la commune en question dont la population vieillissante ne se renouvelle pas suffisamment, laissant la jeunesse déguerpir faute d'emploi sur place. La ville, jadis prospère, est actuellement résignée à voir le nombre de ses habitants diminuer assez rapidement. Vingt mille juste après la guerre (1945), moins de six mille en 2013.

   Ce gros ouvrage informe les rares lecteurs des faits historiques suivants qui se sont produits dans la période allant de 830 en 915, c'est-à-dire, de 85 ans de la première moitié de l'âge particulièrement violent au point de vue climatique (cf. billets entre autres 113, 123, 125), hypocritement appelé Heian 平安 (bien-être).

 

   Janvier (calendrier lunaire, ainsi de suite) 830: dans le pays de Dewa 出羽 (Akita actuel), il y eut un grand tremblement de terre. La forteresse Akita s'étant écroulée, le nombre des victimes et des blessés dépassa plus de 100.

   Avril 837: les missi imperii (Azechi) de Mutsu 陸奥 et de Dewa [missi est mis au pluriel de convention] rapportèrent à la Cour la nouvelle d'une sérieuse révolte des paysans.

   Février 841: une grande famine nécessita l'exemption d'impôts des vingt mille  paysans du pays de Dewa.

   854: au pays de Mutsu, les paysans souffrirent d'une mauvaise récolte. La garde se déploya pour parer à une révolte éventuelle des soldats déguerpis. Le volume de 10 000 koku (= 144 000 boisseaux) de grains [ce n'aurait pas été seulement du riz] fut distribué aux Aïnou pour éviter qu'ils ne se missent en querelle.

   Mars 878: éclata une révolte des Aïnou. [Le chroniqueur ne précise pas la nature des Émici 蝦夷 mais il est évident qu'il s'agissait des Aïnou. Cette insurrection populaire est connue dans l'histoire officielle sous le nom de «la Révolte de Gangyô 元慶»].

   915: une suite de sécheresses. Dans le pays de Dewa, il plut des cendres. Des mûriers domestiques morts flétris.

 

   La note sur la pluie de cendres en 915 est tirée du vol. XXIII des Annales officieuses de Fusô 扶桑略記, compilées par un bonze vers la fin du XIe siècle. Elle ne suggère que très vaguement la conséquence d'une éruption d'un volcan survenue au nord du Tôhoku.    (À suivre).

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