Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Philologie d'Orient et d'Occident
19 avril 2011

La fête de printemps à Takayama

Philologie d'Orient et d'Occident (121)
                     Le 19/04/2011, Tokyo       K.


   Un instant de répit (1)

La fête de printemps à Takayama


       L'issue des accidents nucléaires de Fukushima encore indécise, la vie continue.  Dans une ville du centre où j'ai séjourné ces quelques jours (il s'agit de Hida-Takayama, classée trois étoiles dans le guide Michelin Japon, située à plus de 450 kilomètres à l'ouest des lieux sinistrés), on organisa le 14 et le 15 avril une grande fête religieuse.


     Les dates de la fête, 14 et 15 avril, toujours immobiles, ne doivent pas être modifiées en fonction des jours de la semaine. Cette année, la fête tombait jeudi et vendredi. Les enfants de la musique, fifres et timbres, et les adultes, artisans de la fête, chôment pour la fête. L'ancienne tradition prime le calendrier scolaire ou de travail fondé sur le système hebdomadaire.

     La fête, en style moderne, date du début du XVIIe siècle et précède l'introduction, dans le pays, du calendrier occidental aux semaines de 7 jours. Le premier, le 5, le 10, le 15, le 20, le 25 et le 30 sont des jours fastes dans l'ancien calendrier.


     La numération archaïque : fi (1) / fu (2), mi (3) / mu (6), yo (4) / ya (8), (i)tu (5) / tuu (tô) (10) fait état de l'ancien système fondé sur le principe binaire. Il ne serait pas sans intérêt de rechercher des significations numériques dans les quatre consonnes f(V), m(V), y(V) et t(V). Les uns affirment que le curieux parallélisme consonantique dans les couples fi / fu, mi / mu, yo / ya, tu / tô a des rapports avec le comptage avec les cinq doigts de la main.

     De toute manière, la tradition veut que non seulement les fêtes mais les foires s'organisent par ces jours fastes. On fit cette fois, au début et au cours de la fête, une collecte pour les sinistrés de la catastrophe récente (cf. billet 113).
         
     Dans la ville, il y a plusieurs temples dont deux tout particulièrement. Hié-jinja Temple Hié régit Sannô-sai (Fête Sannô) le 15 avril (le 14 est la veille de la fête) et Sakura-yama-hachimangû Temple Sakura-yama, Hachiman-sai (Fête Hachiman), le 10 octobre (le 9, la veille). Lors de la fête Sannô-sai de Hié-jinja, la procession de douze chars richement décorés se déroule dans la partie haute (est) de la ville.
     À la fête de Sakurayama-Hachimangû, le parcours de la partie basse (ouest) de la ville par onze chars également chargés de décors se fait le 9 et le 10 octobre.  Les gens de la ville s'offrent le luxe de vivre chaque année avec de nombreux visiteurs ces moments intenses de festivité, chers aux anciens Japonais.

     Le 14 avril, Dieu (shintoïste) daigne descendre dans la ville, sur une chaise à porteurs, de son habitation qui se niche dans un monticule de la banlieue est. Cette chaise est suivie par la procession des chars hauts d'une dizaine de mètres, en forme de petits temples, tirés par les hommes. Notables, enfants timbres (garçons) et fifres (mixtes) des quartiers concernés les suivent. L'itinéraire du parcours dans la ville diffère chaque année. Ainsi Dieu bénit, en visitant la ville, artisans et agriculteurs, gens de travail. La marche lente des chars est ponctuée de plusieurs arrêts, pendant lesquels, quatre séances de théâtre de marionettes sont représentées en deux jours, ce qui déclenche de grands applaudissements des spectateurs.
 
     Cette année, le 14 avril, au début du parcours des chars, il y eut un petit incident : le premier char précurseur s'avançait lentement dans un quartier animé pour frayer la route de l'année, lorsqu'un petit fil qui pendait, d'un poteau électrique, un peu plus bas que les autres, a touché le faîte sensible du char. C'était un câble pour internet, fraîchement mis à cet endroit, qui empêchait le char de progresser encore. On appela le Miyamoto 宮元 (étymologie du patronyme Miyamoto 宮本), élagueur de la route, qui, d'un coup de grands ciseaux, trancha le fil de communication ultra-moderne. Dans la fête, rien de nouveau ne doit perturber la tradition.    (À suivre)


Publicité
Publicité
Commentaires
Philologie d'Orient et d'Occident
Publicité
Archives
Publicité