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Philologie d'Orient et d'Occident
16 mars 2011

La fin d'un empire économique

Philologie d'Orient et d'Occident (114)
                     Le 16/03/2011, Tokyo       K.

La fin d'un empire économique ?


      Je suis rentré aujourd'hui (le 15 mars) à Tokyo. Je constate qu'il y a moins de luminosité dans la ville. Atmosphère un peu triste. La météo prévoit une vague de froid pour les jours qui viennent. Les sinistrés du séisme du 11 mars de la région de Tohoku (Nord-Est) où il fait normalement plus froid qu'à Tokyo, seront-ils bien chauffés ? Une nouveauté : il faut un ticket avant de se ravitailler en essence. On commence à souscrire à une ration de 20 litres d'essence comme dans certains pays qui vivent sous un autre régime. On annonce qu'à la bourse de Tokyo, il y a une forte chute. Normal.
     Selon les informations radio, l'identification des décédés dans le tremblement de terre et le tsunami gigantesques progresse : plus de 2 700 morts identifiés, plus de 17 000 portés disparus. Au total, le nombre des victimes atteindrait les 20 000. Plus de trois cent mille habitants ont perdu leurs maisons et biens.
     Le nombre des victimes (plus d'un millier de noyés) provoquées par le grand tremblement de terre du IXe siècle (billet 113) qui eut lieu dans la région aujourd'hui sinistrée aurait été comparable à ces chiffres. Car la population d'alors était de moins d'un dixième de celle d'aujourd'hui. Il y a pourtant une grande différence entre ces deux époques où l'on connut des séismes d'à peu près la même magnitude.


     Au IXe siècle, on n'avait nulle idée de la centrale nucléaire pour produire de l'électricité. Le XXe siècle est l'époque de la découverte de l'énergie nucléaire. Puissance physique et force de nuisance ont été attestées par deux bombes atomiques larguées sur notre sol, causant en 1945 plus de deux cent mille morts à Hiroshima et Nagasaki.
     La commercialisation du nucléaire a commencé, depuis, un peu partout dans le monde, sans qu'on ne sache vraiment le maîtriser. Un désastre aussi monstrueux que celui de nos gens de la côte pacifique est né, le lendemain du tremblement de terre, du sinistre de plusieurs centrales. Par manque d'expérience ou d'imagination, les professionnels ne peuvent contrôler ces établissements diaboliques.
     Il faut bien savoir arrêter le réacteur, en cas d'urgence (c'est bien le cas aujourd'hui), et refroidir les déchets radioactifs. Ce savoir-faire est d'une importance vitale. Alors que les pompes à refroidir n'auraient pas bien fonctionné. Les pompiers n'avaient pu bien leur fournir suffisamment d'eau. Pourront-ils y réussir ? Il faut qu'ils y réussissent absolument. S'ils échouent, la vie des habitants dans un rayon de 50 kilomètres sera sérieusement menacée ! 
      Tous ces malheurs, les Anciens ne les connaissaient pas. Ils ont certes succombé à la violence de la Nature qu'est le séisme mais pas à celle des artifices diaboliques créés par les hommes. Car ces centrales n'existaient pas à l'époque. Les Anciens obéissaient à la providence de la Nature mais pas aux hommes avides au gain. Le tremblement de terre et le tsunami qui s'ensuit procèdent de la Grande Nature alors que la centrale nucléaire, du petit esprit humain âpre au gain. Les dégâts causés par le petit esprit sont plus ravageurs que ceux qu'a provoqués une farouche manifestation de la Nature.
      Dans un cas, on finit par se haïr, dans l'autre, il faut qu'on se pardonne. On haït celui qui commerce en manipulant l'outil dont il ne connaît pas l'essence. Quand on ne connaît pas l'essence, on ne sait le réparer.


      L'auteur de ce billet a traduit hier un petit passage des Annales des trois règnes (cf. billet 113). Il y avait deux passages d'interprétation difficile. C'est du chinois écrit par un Japonais du IXe siècle. L'auteur japonais du IXe siècle savait parfaitement de quoi il s'agissait. Alors que pour l'auteur moderne de ce billet, certains passages, c'est vraiment « du chinois ». On est ainsi privé de ses racines plurielles dont se dotaient naturellement les Anciens Japonais. En se coupant de ses racines linguistiques et en n'adhérant qu'à une seule idée, on finit par arriver au nucléaire, symbole de l'arrogance. (Pause)

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