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Philologie d'Orient et d'Occident
16 mars 2010

魚 « poisson » : ngo, ngyo et (y)io > uo - Trois formes japonaises empruntées au chinois

Philologie d'Orient et d'Occident (9)

Le 16/03/2010, Tokyo 

« poisson » : ngo, ngyo et (y)io > uo
- Trois formes japonaises empruntées au chinois -

     Revenons à nos poissons . Le parallélisme phonétique de : go / gyo est un exemple de go-on / kan-on. Nous pensons même que le mot uo « poisson » est d'origine chinoise (une variante de kan-on). Alors, comment ces trois emprunts chinois sont-ils répartis dans l'usage japonais ? Chose presque impensable, nos anciens Japonais semblaient ne pas disposer, avant l'introduction du chinois ngo (ngyo > yio > io > uo), d'un terme du vocabulaire qui pouvait spécifier un sens aussi usuel que « poisson ». Nous y reviendrons prochainement.

    Dans la langue japonaise, le kan-on gyo (< ngio) est présent dans un grand nombres d'expressions chinoises ou de composés japonais créés postérieurement à l'époque Heian (794~1184) : gyo-niku « (chair de) poisson », gyo-kai « fruits de mer », gyo-jô « pêcherie », kai-gyo « poisson de mer », kin-gyo « poisson doré » (pour désigner le poisson rouge), etc.
    Pour les japonophones, le sens de gyo « poisson » est évident, jamais incompris, alors qu'il y en a très peu qui puissent imaginer que uo « poisson » soit lui aussi d'origine chinoise. Ce mot a l'air enraciné dans l'Archipel. Nous pensons cependant que uo remonte à io qui, à son tour, se ramène au chinois yio (ngio).

akashi-tsuru uo « les poissons qu'on pêche (toute la nuit) jusqu'à l'aube »

(poème 3653)

    C'est le seul exemple de uo employé dans le Man'yô-shû. On a lu à juste titre en u-o la notation en deux kanji : 宇乎. Le grand savant Atsuo Masamune (1881~1958) fait la même lecture (en u-o) du kanji employé dans une notice du poème 2832. La lecture i-o estimée généralement plus ancienne que u-o s'était déja manifestée au temps du Man'yô-shû, car elle se trouve déjà dans le Wamyô-shô, dictionnaire du Xe siècle, un grand recueil de vocabulaire de l'époque Nara (710~784). Il nous semble évident que cette prononciation io existait au cours de l'évolution phonétique de : ngiag - ngio - iu - ü (yu).

    Il nous reste à savoir comment se manifestait en ancien japonais le mot ngo (non pas ngyo) et, surtout, pourquoi les anciens Japonais ne disposaient pas du terme qui nous semble aussi indispensable que « poisson » et pourquoi ils ont dû en introduire un du chinois.

(A suivre)

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