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Philologie d'Orient et d'Occident
5 février 2022

Relecture de Proust (1)

Philologie d'Orient et d'Occident (493) : le 05/02, 2022, Tokyo, S. Kudo

Deux aspects perfectif et imperfectif d’Hector (chant XXII de l’Iliade) qui se reflètent dans le roman de Proust : suite au billet 491

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Lune de février 2022 au-dessus des lignes électriques (Shibuya, Tokyo. Photo par Kyoko K.)

 

  Je m’imaginais suivre, avec présentation des formules japonaises -no par rapport avec l’accusatif de relation grec (cf. billet 491), le chemin arrêté, en tâchant péniblement de définir en termes convenables deux concepts primordiaux des langues indo-européennes : cas grammaticaux (forme d’un mot avec des flexions ou des désinences suivant sa fonction dans la phrase, selon K) et genres des nominaux (deux en hittite, langue présumée antérieure au grec : animés et inanimés ; trois en grec ancien: masculin, féminin et neutre).  

  Or, Jean-Pierre Levet a émis un avis de tout autre dimension pour nos discussions de la lecture homérique (Iliade, chant XXII). Ce que tu dis du perfectif et de l'imperfectif m'intéresse beaucoup et peut s'appliquer à l'ardeur d'Hector (une ardeur habituelle [perfectif] ou une ardeur dans les circonstances décrites [imperfectif]) (cf. billet 491). Ce qui m’a ainsi permis, ai-je cru brusquement, de changer ce que je me promettais de faire auparavant. Ces deux aspects inhérents du Troyen, perfectif (rendu habituellement par le passé composé et le passé simple) et imperfectif (rapporté d’ordinaire par le présent de l’indicatif et l’imparfait), pouvaient s’appliquer à tout autre chose dont je m’occupais alors.

  J’ai repris tout de suite le propos de Jean-Pierre : tu dis du héros troyen d’Hector qu’il avait une ardeur habituelle ou une ardeur dans les circonstances décrites. Une ardeur habituelle est justement de l’aspect perfectif qu'Hector s’était donné par lui-même, une ardeur dans les circonstances décrites, de l’imperfectif qu’il vivait alors (accentué non pas sur l’aspect perfectif mais sur la durée), ces deux aspects permettant de rappeler l’erreur si longtemps laissée sans rectification de l’incipit du roman de Proust (cf. billet 491).

Longtemps, je me suis couché de bonne heure.

  Ce changement brusque de direction que je me suis permis de faire au billet 491, m’a valu ce message de Jean-Pierre : La lecture de ton blog m'a vivement intéressé. Ce que tu dis de la traduction de Proust me semble parfaitement juste. C'est une très bonne idée d'avoir publié notre dialogue. 

  En effet, sur les 500 billets au mois de mai prochain, j’aurai mis 38 billets sur le roman de Proust (3 tomes en édition Pléiade, Gallimard, Pierre Clarac et André Ferré ; 8 volumes en ancienne collection Gallimard Livres de Poche, 1954). Ce chiffre (du 05/10, 2010 – au 09/02, 2011 : au début il était de deux billets par semaine) dépasse de loin celui des thèmes consacrés à présent, sporadiquement, à l’Iliade. Proust fut le plus grand thème de ce blog.

  Dans les années 60, sans avoir vécu en province, au centre-ouest, je n’aurais pu tout lire du roman de Proust. L’année 1966 fut un séjour en France (au beau milieu des cent ans entre la parution du roman et le moment actuel 2022), et l’année suivante (l’année de lecture, de la fin mai au novembre, entrecoupée de randonnées à vélo), fut consacrée à la lecture. Mes amis français m’aidèrent à suppléer à l’insuffisance linguistique. Ainsi le texte, d’abord alambiqué, finit par devenir moins obscur, plus accommodant à l’approche de la fin de lecture.

  Les noms de lieu typique au centre-ouest et au Midi, tels que Châtellerault (pays de Mme Bontemps, tante d’Albertine), Cholet, Chartres, Nantes, Béarn, l’Auvergne ou la Gascogne d’où sont originaires quelques femmes de ménage chez le Narrateur. Surtout le nom de Vivonne (non pas la rivière aux nénuphars qu’a fait ressortir, vers le début du roman, la fameuse madeleine trempée dans une tisane), mais le vrai gros bourg, situé à l’ouest du chef-lieu du département de la Vienne, m’enchanta en guide de cet univers romanesque.  

 … …

  Nous, étudiants en France à l’époque, fûmes tous bénéficiaires de l’intention du général de Gaulle au moment de l’après-guerre de faire venir en France les étudiants de l’Extrême-Orient.

  Nos chercheurs et traducteurs plus âgés que nous de deux ou trois décennies, n’avaient donc expérience en France qu’avant leurs 40 ans. Peu habitués à distinguer deux aspects perfectif / imperfectif et peu à l’aise dans le discernement subjectif / fictif, ils observaient notre ancienne norme qui consiste, dans l’écriture, à identifier l’auteur et le Narrateur.

  Je m’en veux un peu d’avoir relevé dans ma note de tonalité critique une erreur de traduction, au début des années 80, sans égard pour leurs longs et épuisants travaux.   (À suivre)

 

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