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Philologie d'Orient et d'Occident
13 novembre 2021

Le contraste de l'Occident / l'Orient

Philologie d'Orient et d'Occident (487) : le 13/11, 21 Tokyo, S. Kudo

Le contraste entre l’Occident et l’Orient

Deux centres de civilisations préhistoriques : Grèce et le Japon nordique (3000 ans av. J.-C)

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Shibuya moderne, Tokyo (photo par S. Kudo, nov. 2021)

   Le chant 23 de l’Iliade est riche en enseignements sur la vie matérielle de la Grèce antique.

   Dans le chant 22, Achille, homme demi-dieu, a vengé la mort de Patrocle, ami exceptionnel, sans pareil. Ayant endossé l’armure d’Achille qui, boudant, s’était retiré de la guerre, ce dernier terrorisait, sous la panoplie de son illustre compagnon, l’armée troyenne. Patrocle fut tué par Hector (chant 16), le premier héros des Troyens.

   Hector, à son tour suivi de près par Achille au pied rapide, a fini par se laisser atteindre après s’être fait talonner tout autour du mur sous le regard effaré du vieux roi Priam. Le héros grec prit sournoisement sa vengeance dans un échange meurtrier de javelots (chant 22), traîtreusement aidé par la fille de Zeus, Athéna qui, toujours, soutenait les Grecs. Dans la guerre comme dans la paix, toutes les formes de mauvaise foi ont été révélées : ruse, traîtrise, parjure, perfidie, déloyauté. Mais paradoxalement, c’était de ces bassesses que sont nées la logique, fondement de la science, et toute la base de la loi : deux éléments qui firent honneur à l’Occident.  

   S’ensuivent dans le chant 23 de l’Iliade les funérailles organisées par Achille en l’honneur de son ami enfin vengé. Les jeux sportifs célébrés à l’occasion de ces cérémonies funéraires ont constitué l’archétype des jeux olympiques modernes.

   Les gagnants dans une épreuve se voyaient attribuer par Achille des prix de diverses espèces, le système monétaire encore de loin à venir. Or, on peut toujours s’étonner de la nature des objets distribués. Bassin, chaudron, bloc de fer brut, haches à double tranchant, armure métallique, bouclier, casque, pique de bronze (tout venait plus ou moins de la rapine ancienne ou récente), ou encore des bœufs et des esclaves, des femmes surtout, sachant tisser ou broder. La provenance des prix n’était pas de leur propre production mais du vol, de la tromperie, de la piraterie perpétrée sur terre et sur mer, des rapts et du saccage des villes conquises, détruites. Rien ne venait de leur propre industrie. L’empire hittite connaissant l’écriture et la métallurgie était de loin plus avancé. Finie la civilisation mycénienne où les cultivateurs ou forgerons payaient l’impôt en nature, voire, toute la Grèce antique était transformée en un désert industriel.

   Rien de tel dans la cité de Sannaï-Maruyama de 5000 ans B. C. La formule apparemment insolite de Benveniste citée dans le billet 486 - « Le rapport entre l’état de paix et l’état de guerre est, d’autrefois à aujourd’hui, exactement inverse. La paix est pour nous l’état normal, que vient briser une guerre ; pour les anciens, l’état normal est l’état de guerre, auquel vient mettre fin une paix » - souligne le contraste entre la Grèce antique et le site nippon préhistorique.

   Il faut noter qu’au nord du Japon, il reste toujours une énigme lancinante. Il s’agit de l’absence des métaux : non seulement du fer aux emplois divers, mais du bronze, de l’étain, du cuivre et même du plomb ; ces minerais n’auraient laissé aucune trace sur le territoire de ce site. Le fer météorique ne doit pas avoir choisi sur la terre, où il devait se laisser choir. La région ne manquait pas de laves et de minerais d’origine volcanique.

 ... ...

   Le fait est sans doute qu’on ne savait pas comment situer la riziculture, nouveau mode d’exploitation terrienne qui demande beaucoup de mains-d’œuvre pour être mis en place. On disposait de deux rizicultures : l’ancestrale et la plus récente. La nouvelle riziculture donnait de meilleurs rendements que l’ancestrale, et de loin. La nouvelle nécessitait des outils plus ou moins sophistiqués, métalliques, engins capables de servir à aménager les rizières pour installer des conduites d’eau. L’ancienne pouvait se passer de cet équipement qui exigeait l’art d’en fabriquer et la technique pour s’en servir.  

   À l’époque, la nourriture ne manquait pas. Avec le gibier, le poisson, les fruits de mer, les coquillages et de nombreuses herbes comestibles, l’alimentation que donnait la nature clémente était bonne au point qu’on ne soit pas être obligé à recourir à la nouvelle façon de s’en procurer. Suivant la façon ancestrale, on cultivait l’ancien riz plutôt dans les champs dont le terrain n’était même pas humide. Alors pourquoi fallait-il se rabattre sur la nouvelle riziculture lorsque le riz n’occupait pas une part importante dans l’alimentation ?  

(À suivre)

 

 

 

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