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Philologie d'Orient et d'Occident
18 septembre 2021

Reflets métalliques à Sannaï-Maruyama

Philologie d'Orient et d'Occident (483) : le 18/ 09/ 21 Tokyo, Kudo. S

Reflets métalliques du site Sannaï-Maruyama

KIMG1968

Gare de Shibuya en reconstruction (photo par K.)

 

   Dans le dernier billet, nous avons estimé qu’il y avait sur le site Sannaï-Maruyama les scories volcaniques ferrugineuses utilisables, qui pouvaient avoir été transformées en métal de quelque manière que ce soit, pour des outils agricoles en gestation ou pour des instruments de la charpenterie, quoiqu’il n’en reste aucun reste dans les fouilles. Comment n’aurait-on pu imaginer ces choses, lorsqu’on sait que la Chine ancienne dans le bassin du fleuve Jaune ou dans la vallée du côté sud du Yang-tseu-kiang étaient en lien, directement (c'est-à dire, par mer) ou par la péninsule coréenne, avec l’archipel nippon ?

   Les métaux (airain, cuivre, étain, bronze ou fer) étaient d'emploi certain en Chine de l’époque, de même qu’ils l’étaient dans les grandes civilisations occidentales (cf. billet 482). Notre argument pour mettre en jeu la présence des éléments métalliques doit malheureusement s’arrêter là. Car l’absence de restes des métaux comme d'outils à Sannaï-Maruyama, semble bien réelle. Non seulement les forges, mais le charbon de bois ou l’existence des scories volcaniques qui, pulvérisées, pourraient donner un substitut malléable du fer, ne pouvaient rien faire face à l’absence de preuve (qui n'est d'ailleurs pas preuve de l'absence).

  Résumons ici ce que nous avons dit dans les derniers billets : on a essayé de la manière peu ordonnée de donner corps à notre hypothèse de l’existence des métaux qui auraient pu être outils quotidiens (agricoles, d’élevage, de pêche ou autres) à Sannaï.

   Il faut d’abord admettre que l'existence continue de la cité pendant mille cinq cents ans, sans catastrophe de grande envergure, est un phénomène tout à fait exceptionnel dans l’histoire du monde. Pendant cette longue durée du temps, il y avait certes eu des fluctuations climatiques. La température était relativement élevée au début de la période (vers 5000 ans B. B.), mais vers 4000 ans B. P, elle avait chuté. La mer était partie, délaissant la cité là où elle était auparavant, loin de l’estuaire. La fin de la cité apparemment en paix jusque-là était bien entammée.

  À l’époque Jômon, du début à la fin, les anciens ont vécu de la pêche côtière ou au large, de la chasse au menu gibier, de l’élevage et de l’écobuage, là où se voyait l’ébauche de l’agriculture primitive. Dans ces conditions de vie, on n’avait évidemment pas grand besoin de matériaux particulièrement durs pour ameublir la terre. Les outils d'obsidiennes, les bois plus ou moins durs suffisaient même aux travaux importants, comme la scierie, la construction ou l'aménagement du terrain. Les rizières, là où il existait ce qu’on pouvait appeler par ce nom, n’étaient pas sous l’eau mais en pleine terre. On vivait des coquillages (en témoignent les amas de coquilles), des pois divers, des sarrasins, des noix, des légumes sauvages et des fruits secs, en disposant des granges pour conserver ces aliments et parer à la famine, des séchoirs pour le poisson, la viande. On utilisait les peaux pour se protéger du froid de l'hiver ou se vêtir. L’échange de denrées alimentaires étant actif, les habitants de Sannaï ne vivaient pas dans la misère.

 … …

  Quatre années après la découverte de Sannaï, l’archéologue Akira Teshigawara (1964-) rapporte dans son petit ouvrage très dense (1998, Tokyo) une trouvaille majeure (p. 184). Il fait état de la découverte un peu oubliée (en 1954) d’un couperet d’airain, sur un site de l’âge de Jômon tardif situé aux confins nord du département de Yamagata. Le site Misakiyama, Yuza-machi, canton Agumi, contigu au département d'Akita, est près de la mer intérieure du Japon, à 200 km à vol d’oiseau au sud de Sannaï. Sur le fait, on a émis divers avis avant d'aboutir finalement à la conclusion qu'il était bel et bien authentique. Le métal était un trésor originaire de la civilisation métallique de la Chine et de la Corée.

   Quelle que soit l'origine, l’important est qu'on avait reconnu la présence du métal sur le sol du nord du pays. On sait maintenant que le site Sannai-Maruyama était dans la même sphère civilisée de l’extrémité nord-est de l’Asie qui était en lien direct avec les civilisations de l'Inde, de l’Égypte ou des Hittites. Pour rendre compte de l’absence du métal à Sannaï, nous avons à chercher ailleurs d’autres raisons.

(À suivre)

 

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