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Philologie d'Orient et d'Occident
12 juin 2021

Fouille archéologique (2)

 Philologie d'Orient et d'Occident (476) : le 12/06, 21  Tokyo, K.

Fouilles archéologiques (2)

La fonte de fer  – feu incandescent du bois -

KIMG1838

Hortensia aux couleurs variées à Jôsen-ji (Shibuya-ku, Tokyo):  photo par Kyoko K.

   Pour fondre les métaux dans des moules de terre à l’âge préhistorique (cf. billet 475), c’est-à-dire, vers en plus de deux mille cinq cents ans avant notre ère, il faut les chauffer, de quelque manière que ce soit, à une température très élevée. Comment procédait-on dans l’archipel nippon pour faire monter à ce point la température ?

   Dans un pays aux volcans, certes rarement actifs, on avait bien conscience, selon les régions, de l’existence des conséquences des minerais (soit du cuivre, du fer ou en d’autres minéraux) naturellement fondus et laissés sur le sol à la suite des coulées ravageuses de laves. Les incendies des montagnes ou des forêts causés par les foudres ont eu parfois les mêmes conséquences. L’archipel nippon à l’âge Jômon (cf. billet 471) ne connaissait alors aucun charbon de terre ni aucune espèce de combustible originaire du pétrole, à part les huiles végétales à faible énergie.

   La petite forge au charbon de bois ne suffisait évidemment pas. Les anciens savaient cependant qu’il fallait, pour avoir le maximum de chaleur, une grande aire incandescente de haute température soit naturelle soit artificielle, dont la réalité du pays ne pouvait offrir rarement l’occasion. Kosaka 小坂 « petite pente », mon pays natal (cf. billet 424), était une ville minière aux métaux divers : argent, or, cuivre surtout.

   La petite commune du département d'Akita se situe à l'extrémité nord de Honshû, à 700 km au nord-est de la capitale, à 20 km au sud-ouest du lac Towada, parc national. À la fin de l'époque Édo, on a trouvé, dans les plateaux environnants, de riches filons à découvert de cuivre. L'exploitation minière par un capital central a assuré à la commune une longue période de prospérité, alors que la différence géologique de la région, comparée à une riche région agricole du Centre du pays, était visible. On a tiré les matériaux combustibles utilisés pour le raffinement des montagnes environnantes. Ce qui fait que les montagnes ainsi déboisées étaient presque chauves. Le paysage des alentours de la ville ressemblait donc au nord de la péninsule coréenne ou au nord-est de la Chine.

   Nous ne savons pas ce qu’il en était du chantier de la fouille de Cosne d’Allier, rapporté par notre ami de Limoges. Ce qu’on a trouvé cependant ne doit pas consister qu'en poteries de terre. L’usage des ustensiles de métal doit être semblable au nôtre, à part des scories métalliques provenant des volcans. Pour avoir les minéraux raffinés, sans recourir à la force de la Nature (volcans ou incendies), il fallait produire une grande chaleur artificielle

.… …

   L’épisode de l’embrasement du sol et du chaudron (Iliade, chant XXI), attaque lancée par Héphaîstos contre le fleuve Xanthe (Scamandre) qui s'efforçait de favoriser le camp troyen en amortissant la poussée destructrice d’Achille, nous fait percevoir un curieux détail: le dieu Héphaîstos sait que « du bois sec était mis sous le chaudron » (ὑπὸ δὲ ξύλα κάγκανα κεῖται – v.364). Qu’est-ce que ce « bois sec mis sous le chaudron », sinon du charbon de bois dont les autres fonderies étaient alors certainement pourvues puisqu'on ignorait le charbon de terre ou le coke ?

   Rien ne nous interdirait de nous figurer ce qui échappait par une lecture homérique plus large: ce petit détail révèle la réalité reflétant le monde mythique de plus de trois mille ans avant nous. Il ne s’agit pas du monde tout à fait fictif où les dieux comme Athéna, Apollon et les mortels s’entre-aident ou se combattent devant Zeus, le Tout-Puissant, complaisamment assis sur l’Olympe, comme témoin du combat des dieux qui soutiennent les uns les Grecs, les autres les Troyens. Dans l’épisode du chant 21 de l’Iliade, le fleuve Xanthe en colère chauffait jusqu’à l’infini avec ce bois sec mis sous son chaudron divin. Pourquoi le dieu fleuve échoua-t-il à empêcher Achille de s'acharner contre les Troyens ni même à l'échauder ?

   De toute manière, on peut supposer sans courir de grand risque d'erreur que les combustibles utilisés pour la fonte des métaux, environ trois mille ans B. P. étaient identiques ou se ressemblaient du moins en Orient et en Occident. (À suivre)

 

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