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Philologie d'Orient et d'Occident
14 juillet 2020

Oralité et textualité (5)

 

Philologie d'Orient et d'Occident (459) le 14/07, 20 Tokyo K.

Oralité et textualité dans la langue d'Homère (5)

La Langue avant la langue homérique (3) 

                                       KIMG0195

Les salvias à Shibuya, Tokyo (photo par K. juillet 2020)

 

   La textualité d'Extrême Orient, tout particulièrement de la Chine et du Japon, ne connaît pas frontière précise entre l'oralité et la textualité. Car on ne sait lequel des deux éléments: l'oral et l'écrit est antérieur à l'autre. On sait seulement que la langue n'a pas d'âge ou que les deux éléments de la langue sont jumeaux. On ne pense pas que l'oralité soit antérieure à la textualité comme dans les langues indo-européennes.

   L'analyse du jugement selon lequel "l'epos (langue d'Homère) est fille de l'hexamètre" (cf, billet 457) a révélé plusieurs contradictions: elles ne sont pas dues au hasard, mais inhérentes aux langues indo-européennes. On ne connaît rien du tout de ce qu'était la langue avant le déferlement de l'hexamètre sur toute l'Hellade. Lorsque, donc, Jean Bérard écrit la formule fameuse: "l'épos (langue d'Homère) est fille de l'hexamètre", nous croyons qu'il s'agit non pas de la fille de l'hexamètre mais de sa grand-mère, qui est totalement inconnue.

   Les règles de mesure de la prosodie homérique ne viennent que de la langue établie en totalité par ce qu'on a péniblement cherché au-dessus de l'hexamètre sur une langue inconnue. C'est paradoxal d'expliquer l'inconnue à partir des modifications apportées par l'hexamètre sur une langue inconnue.

   Nous supposons qu'on peut trouver quelque chose d'ancien dans la justification des coupes. On sait que la langue grecque ancienne n'était pas caractérisée par l'accent fort et faible comme les évolutions modernes de plusieurs langues nordiques européennes mais par une succession de syllabes longue et brève. Longue - brève - brève, c'est le pilier du dactyle. La langue ancienne, comme le sanskrit et l'ancien grec, était transcrite sans coupure ni ponctuation, et surtout sans accentuation entre les mots. Or, nous avons supposé, dans le billet 457, une nouvelle façon de scander les vers qui déplace un peu la coupure, avant et après le premier et /ou le dernier mot, de façon à incorporer les consonnes initiales ou finales à la mesure dactylique.

1) Notre coupure est donc,

τὸν δ᾽ ἄρ᾽ ὑ/πὸ ζυγό/φι προσέ/φη πόδα/ς αἰόλο/ς ἵππος  (v. 404, Iliade, Chant XIX)

Ξάνθος, ἄ/φαρ δ᾽ ἤ/μυσε κα/ρήατι·/ πᾶσα δὲ /χαίτη       (v. 405 )
ζεύγλη/ς ἐξερι/ποῦσα πα/ρὰ ζυγὸ/ν οὖδας ἵ/κανεν·        (v. 406)
αὐδή/εντα δ᾽ ἔ/θηκε θε/ὰ λευ/κώλενο/ς Ἥρη·               (v. 407)
καὶ λί/ην σ᾽ ἔτι/ νῦν γε σα/ώσομε/ν ὄβριμ᾽ Ἀ/χιλλεῦ·      (v. 408)
ἀλλά τοι/ ἐγγύθε/ν ἦμαρ ὀ/λέθριο/ν· οὐδέ τοι /ἡμεῖς     (v. 409)
οὐδὲ γὰ/ρ ἡμετέ/ρηι βραδυ/τῆτί τε/ νωχελί/ηι τε           (v. 411)

ἀλλὰ θε/ῶν ὤ/ριστος, ὃ/ν ἠΰκο/μος τέκε/ Λητώ,           (v. 413)

2) Coupure traditonnelle correspondante

τὸν δ᾽ ἄρ᾽ ὑ/πὸ ζυγό/φι προσέ/φη πόδας/ αἰόλος/ ἵππος  (v. 404)

Ξάνθος, ἄ/φαρ δ᾽ ἤ/μυσε κα/ρήατι·/ πᾶσα δὲ /χαίτη       (v. 405)
ζεύγλης /ἐξερι/ποῦσα πα/ρὰ ζυγὸν /οὖδας ἵ/κανεν·        (v. 406)
αὐδή/εντα δ᾽ ἔ/θηκε θε/ὰ λευ/κώλενος/ Ἥρη·               (v. 407)
καὶ λί/ην σ᾽ ἔτι/ νῦν γε σα/ώσομεν/ὄβριμ᾽ Ἀ/χιλλεῦ·       (v. 408)

ἀλλά τοι/ ἐγγύθεν/ ἦμαρ ὀ/λέθριον/· οὐδέ τοι /ἡμεῖς     (v. 409)

αἴτιοι,/ἀλλὰ θε/ός τε μέ/γας καὶ /Μοῖρα κρα/ταιή.          (v. 410)
οὐδὲ γὰρ/ ἡμετέ/ρηι βραδυ/τῆτί τε/ νωχελί/ηι τε           (v. 411)

ἀλλὰ θε/ῶν ὤ/ριστος, ὃν/ ἠΰκο/μος τέκε/ Λητώ,           (v. 413)

 

   La différence entre les deux modes de coupure est évidente. La coupure classique conserve la séparation entre les mots écrits. Celle que nous proposons ici paraît brouiller cette frontière car elle met en relief la prononciation du texte à l'oral. Notre hypothèse pour justifier ce mode de scansion ou le point de coupure est que ce dernier se trouve non pas après une consonne mais sur la consonne même qui sépare les deux syllabes. (À suivre)

 

 

 

 

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