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Philologie d'Orient et d'Occident
28 janvier 2020

Ἔκφρασις 2(3)

Philologie d'Orient et d'Occident (447) Le 28/01/2020  Tokyo K.

κφρασις 2(3) - Carlos Ghosn en cavale et la scansion en grec ancien

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Deux jardiniers japonais au temple Josenji (Shibuya, Tokyo, Photo, K. en 2019)

 

    Cette fois encore, nous abordons les deux sujets bien éloignés l'un de l'autre: l'affaire Ghosn et la scansion en grec ancien. On lit dans une édition de l'Esprit des lois avec des notes de Depin, parue en 1755, Livre XXV; chapitre XIV, le passage suivant:

   Comme la religion et des lois civiles doivent tendre principalement à rendre les hommes bons citoyens, on voit que, lorsqu'une des deux s'écartera de ce but, l'autre y doit tendre davantage: moins la religion sera réprimante, plus les lois civiles doivent réprimer. Ainsi au Japon la religion dominante n'ayant presque point de dogmes, et ne proposant point de paradis ni d'enfer, les lois pour y suppléer, ont été faites avec une sévérité et exécutées avec une ponctualité extraordinaire. 

   Ces duretés judiciaires du Japon se perpétuant jusqu'à maintenant, C. Ghosn a dû les subir trois cents ans après Montesquieu.

   Voici un message de Bernard Robert, médecin en Périgord (Sorges), touchant Ghosn: "J’ai bien lu ton blog et l’article de l’écrivain Patrick Corneau. Je partage tout à fait ton avis. Je suis très heureux que Carlos Ghosn ait trouvé refuge dans le pays de ses ancêtres. Bien qu’il ne soit pas complètement estimable et qu’il ait parfois confondu peut être son argent propre avec celui de l’entreprise qu’il dirigeait (ce qui semble assez courant chez bon nombre de chefs d’entreprise...) l’attitude de la justice japonaise me paraît honteuse à notre époque, tout au moins digne du moyen âge... Avant tout jugement on peut cependant admirer le manager et le grand patron qu’il était..."

             - - - - - -

  (Jean Pierre Levet), "La scansion du vers 326 du chant I de l'Odyssée  (εἳατ᾽ ἀ/κούον/τες. ὁ δ᾽ Ἀ/χαιῶν/ νόστον ἄ/ειδε) fait intervenir un allongement métrique devant la coupe principale penthémimère [après cinquième demi-pied: τες]. C’est donc bien la présence de cette coupe qui, seule, peut expliquer l’allongement de l’ε [τες]. Au vers 216 du chant XIX de l’Iliade [Ὦ Ἀχι/ λεῦ, Πη/λέος υἱ/, μέγα/ φέρτατ᾽ Ἀ/χαιῶν,], si l’allongement devait être considéré comme conditionné par la coupe, ce serait par une coupe hephthémimère [après septième demi-pied], donc secondaire. Les conditions ne sont donc pas les mêmes, mais l’explication n’est pas impossible. Cependant l’explication que je t’ai proposée [νὶ μεγά < νὶ μμεγά Od, 1- 295] me semble beaucoup plus probable. (...)"

 (K.)  Od, 1- 295    ὅππως/ κε μνησ/τῆρας ἐ/νὶ μεγά/ροισι τε/οῖσι

                              (comment [tuer] les prétendants dans ton palais)

         Od, 1- 301    καὶ σύ, φί/λος, μάλα/ γάρ σ᾽ ὁρό/ω κα/λόν τε μέ/γαν τε.

                              (et toi, mon ami, je te trouve vraiment beau et grand)

   Ma scansion des deux vers est juste ? Jean Bérard laisse ces mots (Odyssée, chapitre 100 de la Métrique): 

   "Une voyelle brève à la finale absolue peut compter pour une longue. a)  Devant les mots commençant par λ, μ, ν, ρ. Beaucoup de ces mots, en effet, ont perdu un σ initiale qui, précédant le λ, le μ, etc.., faisait position."

   (K.) "Oui, ton message sur l'Od, 1- 295 (ἐ/νὶ μεγά/ροισι) dit: (...) D’ailleurs, dans l’édition de l’Odyssée que tu as consultée, à la page précédente, la note 2 place μέγα dans la liste des mots à lire parfois *μμέγα, avec un traitement phonétique d’un μ initial analogique de celui d’un groupe *sm initial [d’où mm]"

   (Jean-Pierre) "Tes deux scansions sont justes. Pour le vers 301 du chant 1 de l’Od., l’alpha de kalon est long par position, car il faut lire kalwon avec un digamma. Il y a dans ce vers une autre particularité remarquable avec horoô, il s’agit d’une diektasis c’est-à-dire d’une distension. La forme primitive chantée par les aèdes était horaô, qui s’est ultérieurement contractée en horô. Telle est la forme qu’ont reçue les grammairiens alexandrins qui ont édité le texte. Mais ils ont constaté qu’avec horô le vers devenait métriquement faux. N’ayant pas su rétablir la forme primitive non contractée, ils ont distendu la voyelle longue ô en considérant que la longue ô valait un temps de brève, qu’ils ont écrit o, suivi d’une longue ô. L’explication de Bérard est trop rapide. Il faut, en effet, tenir compte des étapes intermédiaires que je t’ai indiquées, la séquence *sm initiale ne s’étant pas directement simplifiée en m. Pour le vers 295 du chant I de l’Od., tu avances la bonne explication, le de mega étant traité analogiquement comme s’il était issu d’une séquence *sm."  (À suivre)

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