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Philologie d'Orient et d'Occident
9 octobre 2017

Un tour de l'Ouest de la France (12)

Philologie d'Orient et d'Occident (387)

                                                         Le 10/10/2017    Tokyo   K.

Un tour de l'Ouest de la France (12)

 Pamiers, ville pyrénéenne, refuge des fugitifs

CIMG3532

Cathédrale Saint-Antonin de Pamiers en brique toulousaine (photo, K. 2011)

 

   Pour se rendre en chemin de fer de Nantes à Bordeaux, il faut changer à La Rochelle. Là, le train dessert, le nord excepté, deux régions, l'est, c'est-à-dire, le Poitou, et le sud, l'Aquitaine. La Rochelle est à peu près à mi-chemin entre Nantes et Bordeaux. Après Bordeaux Saint-Jean, on continue encore le voyage, cette fois en TGV, vers l'intérieur, dans la direction sud-est, tout en suivant de près et de loin la Garonne. Le train rapide, 210 km à l'heure, nous porte enfin à Toulouse-Matabiau, gare blanche de la ville rose.

   Dans l'Ouest de la France, il y a gare et gare. La gare de Poitiers, par exemple, est une de celles qui furent sobrement reconstruites à la suite de la destruction de la dernière guerre (bombardement Alliés). Parmi les belles constructions de la première moitié du XXe siècle, celles qui ont pu éviter les violences destructrices restent imposantes et reposantes. Dans le Sud-Ouest, la plus magnifique est, au dire de nombre d'amateurs, la gare de Limoges-Bénédictins. Effectivement, c'est une très belle entrée de la ville.

   À Toulouse-Matabiau, on prend un petit service TER (soit un train à deux ou trois voitures, soit un autobus tout confort) pour Pamiers (cf. billet 66), située à 55 km au sud de Toulouse sur la route de Foix. La gare de Pamiers est petite mais non sans apparat, séduisante. Si on pousse encore 20 km plus au sud, avant d'atteindre les Pyrénées, on trouve Foix, préfecture du département de l'Ariège.

   - - - - - -

   Pays natal de Père Anouilh (Paul, 1909-1983, helléniste, latiniste, maître de chant grégorien à Tokyo. cf. billet 117) et aussi du compositeur Gabriel Fauré 1845-1924, Pamiers, une des deux sous-préfectures du département (l'autre, Saint-Girons), est une vieille ville du comté de Foix. 

   Or, au Moyen Âge, à l'époque où la traite négrière était, depuis longtemps, pratiquée deçà delà des Pyrénées, le versant sud des Pyrénées aurait été hostile à l'esclavage.

   (...) les pays "français" sont résolument hostiles et c'est vers eux que fuient les esclaves en cavale, de Catalogne ou du Roussillon. Ce qui provoque d'interminables conflits juridiques entre les officiers du roi d'Aragon lancés à leur poursuite et les municipalités qui les accueillent et les protègent. Tout esclave réfugié sur le sol "français" était considéré comme libre. (Jacques Heers, Esclaves et domestiques au Moyen Âge, Fayard, 1981, p. 118)

   Ce passage évoquait vaguement pour l'auteur de ce billet la seule ville qu'il ait connue jadis dans ces parages, Pamiers. Or son étonnement fut grand lorsqu'il eut devant les yeux les lignes qui suivaient justement ces phrases: La ville de Pamiers revendiquait à ce sujet le privilège accordé par une charte de 1228. La grande cité refuge est alors Toulouse. (ibid.)

   Selon l'historien, la municipalité de Pamiers, petite instance juridique sans doute, travaillait donc, pour protéger les esclaves en fuite et recherchés par l'autorité d'Aragon, de Catalogne ou du Roussillon, à régler le contentieux auprès de la cité refuge Toulouse, grande instance. Certainement parfois les Toulousains devaient céder (cf. ibid. p. 119). Mais, les clercs de Pamiers s'efforçaient, en coopération avec les capitouls Toulousains, de faire régner équité et justice. Les jurats de Bordeaux ont-ils pu en faire autant ? 

   - - - - - -

    La traite négrière pratiquée pendant plus de trois cents ans en France, et ce, à l'échelle internationale au temps fort du mercantilisme (aux XVIIIe et XIXe siècles), n'a pas été de l'inspiration spécifiquement française. Loin de là. Pour la traite moderne, la France était largement devancée par le Portugal, l'Espagne et surtout par l'Angleterre. Au moment de la Révolution française, le parlement anglais s'apprêtait à clore les débats sur l'abolition. En France, le problème, mal entamé, traînait et faisait long feu.

   La traite négrière n'a pas été une invention diabolique de l'Europe, dit Fernand Braudel (Grammaire des civilisations, Arthaud-Flammarion, 1987, p. 164). Non, elle n'est pas une invention de l'Europe. Le Moyen Âge chrétien était hostile à la pratique que connaissaient déjà l'Antiquité, l'Islam et même l'Afrique.

  (Fin pour Un tour de l'Ouest de la France)

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