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Philologie d'Orient et d'Occident
27 octobre 2015

Aki Okuda, l'inspiré (2)

Philologie d'Orient et d'Occident (336)

                                               Le 27/10/2015     Tokyo  K.

Aki Okuda, l'inspiré (2) - Une séance au Parlement

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Radis par Misao Wada (cousu main)

   Aki Okuda (cf. billet 335) s'est présenté le 15 septembre, sur la recommandation du parti démocratique, à un conseil du Parlement pour exposer son opinion sur le projet de lois sur la Sécurité, alors en voie d'être voté.

    (Selon le gouvernement, les lois ont été adoptées le 19 septembre. Mais beaucoup ne l'admettent pas. Car la procédure de vote en bonne et due forme n'aurait pas été observée lors de la pagaille survenue dans la salle parlementaire. Le parti de la majorité déclare cependant que les lois sont bien passées. - Une autre face du «Japon cool»).

   Le 15 septembre, donc, Aki était le plus jeune des six intervenants invités, tous recommandés au conseil. Cinq autres: quatre professeurs de droit (59 ans, 65 ans, 66 ans, 74 ans) et un vieil avocat et ancien juge de la Cour suprême, 79 ans. Dans la séance  entièrement télévisée, notre étudiant Aki, 23 ans, se tenait coi, habillé de noir, assis à l'extrémité gauche du banc occupé en grande partie par ces pontes sexagénaires ou septuagénaires!

   Ayant visiblement le trac pendant que les cinq autres professionnels en la matière débitaient (chaque exposé a duré un peu plus d'un quart d'heure, et Aki parlait en dernier), il a su pourtant retrouver son aplomb dès qu'il a enfin pris la parole. Devant sa diction, jeune, claire et agréable à entendre, mieux articulée que les autres, l'auditoire m'a semblé montrer davantage de signes de compréhension. Voici sa conclusion:

    «Enfin, je me permettrai, non pas en qualité d'un membre de SEALds (cf. billet 335) mais en ma qualité d'un simple singulier ou d'homme, de formuler un souhait devant vous. Je vous prie donc, Messieurs les Députés, d'être des individus.

   Chacun de vous, je souhaiterais que vous soyez un individu, autonome, avant d'être un homme politique et avant de vous affilier à tels ou tels groupes politiques. J'aimerais vous demander d'accéder à la justice de votre choix, de penser seul, de juger et d'agir seul et avec courage. Vous en avez, vous tous, la force et le droit. Vos motivations d'embrasser une carrière politique sont certes variées. Mais je souhaiterais qu'avant tout, vous réfléchissiez à l'idéal d'un homme politique et écoutiez bien le peuple.

   Que ce soit en quelque sorte un pari, accomplissez courageusement la vocation précieuse dont vous êtes seuls dépositaires. La Constitution du Japon l'approuvera et surtout le peuple qui vit au Japon, tout un chacun, moi y compris, nous le soutiendrons. Tout en croyant qu'il n'existe d'espoir que dans le temps difficile et tout en souhaitant voir arriver une société libre et démocratique, je veux m'opposer au présent projet de lois sur la Sécurité.  Merci.» (Traduction K.  Le texte entier en japonais: le Tokyo Shimbun le 16/09) 

             - - - - - - - - - -

   Le Japon ne dispose pas d'organisme équivalent au Conseil constitutionnel de France dont Charles de Gaulle, premier président de la cinquième République, avait pressenti avec son génie politique l'utilité. C'est donc une institution législative assez récente, créée en 1958, bien après la Seconde Guerre mondiale. Le Conseil constitutionnel de France n'a pas au-dessus de lui aucune institution supérieure. Il est indépendant dans ses fonctions qui consistent, s'il le faut, dans l'examen de la légalité des élections, référendums, lois, ordonnances ou arrêts ministériels, en regard du texte de la Constitution.

   Les lois, débattues longtemps et encore toujours, contre lesquelles Aki s'est prononcé devant le Parlement ne demanderaient qu'à être jugées, sur leur constitutionnalité, par ce genre d'institution. Le gouvernement actuel du Japon prétend formellement que la Cour suprême peut seule décider en dernier ressort de la constitutionnalité des lois. Or, un recours à la justice ne mène pas directement à la Cour suprême. Il faut énormément de temps pour y arriver.

  Pour subvenir aux besoins, nombreux d'ailleurs, notre pays dispose du Bureau de législation du Cabinet, qui a pour fonction de vérifier, à la demande du gouvernement ou du parlement, la constitutionnalité des lois, des arrêts, etc. Mais ses jugements ne sont pas toujours libres, car il dépend finalement du Cabinet d'État.  (À suivre)

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