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Philologie d'Orient et d'Occident
14 octobre 2014

Éloge de la parole et l'arbitraire du signe (1)

Philologie d'Orient et d'Occident (301) Le 14/10/2014    Tokyo  K.

Éloge de la parole (1)  - Après la catastrophe 11/03/2011 -

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Hana-ikusa 花軍 «Combat floral» par Misao Wada (cousu main)

   L'auteur de cet article se félicite de voir son blog enfin parvenir, la semaine dernière, au billet numéro 300. Ne pensant au début qu'à un développement de moindre ampleur, il n'imaginait pas atteindre ce chiffre, lorsqu'il s'est lancé, voilà plus de quatre ans, le 16/02/2010, dans l'aventure hebdomadaire qui n'avait pour but que de mémoriser les petites idées lui venant au fur et à mesure sur les langues. L'entreprise l'a mené bien loin.

   Que de choses ne se sont-elles pas passées pendant ces quatre années! Le rythme originel de la publication, bihebdomadaire, s'est vu soudain ralenti par le grand séisme survenu le 11/03/2011, sur la côte Pacifique du nord, suivi d'un tsunami aussi gigantesque que féroce et de l'immense catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima.

   Brusquement, un horizon sombre s'est profilé, de façon crue et cruelle, devant tous les habitants de l'archipel: il faut vivre, mais dans l'incertitude et dans la précarité devant l'invisibilité du danger et dans l'incapacité quasi totale de parer à ce qui va se produire. Les deux billets (113 et 114, datés du 15 et du 16/ 03/2011) font état du désarroi de l'auteur au moment de cette crise.

   Il ne faut pourtant rien changer à Philologie d'Orient et d'Occident, ne rien y ajouter, ne rien en ôter, même si l'outil numérique le permet le cas échéant. Après le grand tremblement de terre, les intérêts de l'auteur se sont insensiblement infléchis de la philologie vers l'histoire de son pays, car on pouvait trouver, dans cette dernière, des récits des calamités semblables à celles qu'on venait de vivre et qui nous permettent d'y lire réactions et pensées des anciens.

   On est au moins heureux d'être né dans un pays suffisamment archaïque où les faits et événements, même s'ils étaient modifiés, exagérés ou falsifiés, sont généralement bien conservés dans des documents écrits. Dans des rapports de désastres, on n'avait pas à inventer d'histoires.

  C'est un soulagement, en quelque sorte, de savoir qu'un pareil cataclysme (sa dimension nucléaire mise à part) s'était produit à une époque remontant à plus de mille ans (cf. billet 123) et que les gens s'en étaient sortis, péniblement certes, pour être prêts à nouveau, ne fût-ce que mentalement, à se défendre contre ce qui allait se reproduire. Voilà longtemps que cette mentalité, les modernes, trop orgueilleux, l'ont oubliée.

  Le regain d'intérêt de l'auteur pour l'histoire de son pays a été occasionné aussi par la lecture des mots de sympathie, d'encouragement, de conseil et d'amitié qui pleuvaient de l'étranger, de France notamment. Ces mots ont incité l'auteur, qui broyait du noir, à cultiver son propre jardin ravagé. L'attention de l'auteur, jusque là centrée sur l'intérieur, s'est heureusement tournée, pour finir, vers l'antiquité. Le cataclysme lui a apporté une nouvelle vision du monde.

   L'important est de continuer de vivre, d'améliorer, autant qu'on peut selon ses idées, ce qui nous entoure. L'historien a la sensation qu'il communique, voire communie avec les anciens qui, vivants, partageraient nos souffrances, et pour qui les modernes, à leur tour, feraient de même, car les souffrances, dont l'essence est toujours et partout la même, nous unissent.

   L'auteur de ce blog bénéficie de deux conseils français à qui il se permet en tout temps de soumettre ses écrits avant de les faire passer en ligne. Jean-Pierre Levet est l'un des deux, agrégé de grammaire, professeur des universités, vieil ami de l'auteur. Après la publication du billet 300 où l'auteur a souligné la confiance des anciens en la langue et leur culte du langage, le savant français fit parvenir à l'auteur un passage d'un philosophe grec, Isocrate: Περὶ τῆς ἀντιδόσεως : De l'échange (XV) § 253- 257 Éloge de la parole (Paris, CUF), qui débute ainsi:

  253  Il faut donc avoir sur la parole la même opinion que sur les autres occupations, ne pas juger différemment les choses semblables et ne pas montrer d'hostilité contre celle des facultés naturelles de l'homme qui lui a valu le plus de bien (traduction Georges Mathieu). (À suivre)

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