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Philologie d'Orient et d'Occident
16 septembre 2014

L'empire du Japon (22) - La datation selon le calendrier chinois

Philologie d'Orient et d'Occident (297) Le 16/09/2014    Tokyo  K. 

L'empire du Japon: son essor et ses limites (22)

La datation selon le calendrier chinois: la date de décès de Tyûai, empereur fantôme des premières époques de l'empire, époux de la pseudo-impératrice Jingû-Kôgô

001082

Un duo de sanma, poisson-sabre, par Misao Wada (cousu main)

 

   Tyûai (cf. billet 286), le 14e empereur à partir du premier empereur mythique Jinmu, est une rare existence dont la date de décès, à 52 ans, est différemment notée dans les deux documents: mizunoe inu 壬戌 = 59 (Koji-ki: Iwanami-bunko, 1963, p. 138) et kanoe tatsu 庚辰 = 17 (Nihon-shoki: Iwanami-bunko, vol. 2, 1994, p. 393). Cette curieuse notation idéo-numérique vient de ce que la datation des chroniques du Japon était fondée sur le calendrier chinois.

   On n'a pas ici à s'interroger sur la différence des dates de décès entre les deux documents. Le lecteur moderne souhaiterait plutôt avoir, pour interpréter les chiffres énigmatiques 59 et 17, un tableau de correspondance entre les calendriers d'Orient et d'Occident.

   On essaie ici de rendre compte de la vieille numération chinoise basée sur le chiffre 60. Dans l'ancien billet 178, j'ai dit que le nombre 60 était divisible en dix sortes de nombres différents : 2, 3, 4, 5, 6, 10, 12, 15, 20 et 30. Cette malléabilité est supérieure au chiffre 100, de système décimal, qui n'est divisible que de sept façons: en 2, 4, 5, 10, 20, 25 et 50. Le chiffre 60 peut être donc appartenir à de nombreuses catégories numériques. Il contient en lui-même 5 unités de 12. Le nombre 12 est, à son tour, divisible par 2, 3, 4 et 6. On sait que les Chinois anciens, très avancés en mathématiques, étaient d'excellents astrologues.

   Ils ont utilisé le nombre 60, chiffre maximal du concept numéral, pour représenter les dates et les années. Pour eux le temps se renouvelle tous les 60 ans.

   Voici un tableau qui rend en idéogramme le système par 60: en guise d'une simplification, majuscules et minuscule en alphabet se font correspondre aux deux catégories de kanji: la deuxième est la liste des noms d'animaux du zodiaque chinois.

       1)  甲 A 乙 B 丙 C 丁D 戊 E 己 F 庚 G 辛 H 壬 I 癸 J

       2)  子 a 丑 b 寅 c 卯 d 辰 e 巳 f 午 g 未 h 申 i 酉 j 戌 k 亥 l

        Aa 1          Ak  11          Ai  21          Ag  31          Ae  41          Ac 51

        Bb  2         Bl  12          Bj  22          Bh  32          Bf  42          Bd  52

        Cc  3         Ca 13           Ck  23         Ci  33           Cg  43          Ce  53

        Dd  4         Db 14          Dl  24         Dj 34            Kh  44          Df  54

        Ee  5         Ec 15           Ea  25          Ek 35            Ei  45           Eg  55

        Ff  6          Fd 16           Fb 26           Fl 36            Fj  46           Fh  56

        Gg 7         Ge 17           Gc  27         Ga  37          Gk  47          Gi  57

        Hh 8          Hf 18           Hd  28         Hb 38           Hl  48          Hg  58

        Ii 9            Ig  19          Ie  29          Ic  39           Ia  49           Ik  59

        Jj 10          Jh  20          Jf  30          Jd 40            Jb  50           Jl  60

    On voit clairement le jeu numérique par les notations alphabétiques. L'absence de zéro est remarquable. Selon ce tableau, 壬戌 (Ik) représente 59 sur 60, 庚辰 (Ge), 17 sur 60. Il faut savoir de quel cycle dans quelle période il s'agit, car le chiffre en calendrier chrétien varie suivant tel ou tel cycle. Si on se trompe d'un cycle, on tombe sur une fausse date à 60 ans d'écart.

   L'année de décès de l'impératrice Suiko (戊子= 25 en calendrier chinois = 628 en ère chrétien), ferait la base de tous les calculs. Mizuno Yû (cf. billet 283), rejetant la datation du Nihon-shoki (庚辰.  200 en ère chrétienne), adopte 壬戌 selon le Koji-ki, qui correspondrait à l'année 362 de notre ère.

   Deux événements plus ou moins fictifs: la campagne de Kyûshû pendant laquelle Tyûai avait trouvé la mort, et la grande expédition en Corée entreprise par son épouse, Jingû-kôgô, auraient eu donc lieu à la seconde moitié du IVe siècle. (À suivre)

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