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Philologie d'Orient et d'Occident
12 août 2014

L'empire du Japon (17) - L'impératrice Suiko et Shôtoku-taishi

Philologie d'Orient et d'Occident (292) Le 12/08/2014     Tokyo  K.  

L'empire du Japon: son essor et ses limites (17)

Suiko l'impératrice et Shôtoku-taishi son régent

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Un panier aux camélias par Misao Wada (cousu main)

   Selon le Nihon-shoki (publication au début du VIIIe siècle), la première des six Chroniques officielles du Japon (Rikkokushi, cf. billet 124), Kinmei est le 29e (le 30e, si on tient compte de la pseudo-impératrice Jingû-kôgô) des empereurs qui avaient existé, légendaires ou authentiques, depuis l'origine mythique de l'empire. Son règne de plus de 30 ans (de 539 en 571, selon la chronologie Nihon-shoki) aurait été bien réel, car à partir du 26e empereur Keitai (cf. billet 286), inaugurateur de la dynastie moderne, on peut croire, sinon à l'exactitude des faits, du moins à l'existence des empereurs nommés.

   Entre Keitai et Kinmei, dernier fils du premier, il exista deux empereurs un peu falots: Ankan et Senge, tous les deux, fils de Keitai. Entre Kinmei et sa fille Suiko (33e) s'interposèrent, comme empereurs, trois frères de Suiko, dont le seul Bidatsu (30e empereur) méritait de quelques pages dans le Nihon-shoki.

   Selon la chronique, le règne de Bidatsu fut une série de politiques sans conséquence tant à l'intérieur (refus de l'introduction de la nouvelle religion: le bouddhisme) qu'à l'extérieur (tentatives de corruption de la part de ses fonctionnaires comme des ambassadeurs étrangers venant de la péninsule coréenne). Résultat: l'empire, sans morale ni philosophie, était sur le point de perdre la confiance du continent. Bidatsu, esprit peu digne de son état, se méfiant du bouddhisme, était bien inférieur, dans la gestion de l'empire, à sa consœur Suiko qui allait lui succéder comme impératrice.

   Se faire prier trois fois, à la chinoise, avant d'accéder au trône impérial (cf. billet 290), pouvait être un acte qui, s'il ne s'agissait pas simplement de l'emprunt du passage, par le chroniqueur, à un texte chinois, devait conférer à la succession impériale légitimité et authenticité aux yeux des sujets ainsi qu'aux oreilles des voisins étrangers. Suiko en avait d'autant plus besoin qu'elle était la première femme qui ait atteint cette position. Elle devait en être parfaitement consciente.

   Son avènement sans précédent pouvait avoir lieu sur le conseil du sage et perspicace prince Shôtoku-taishi (cf. billet 287) qui la secondait, comme en qualité de régent, tant sur le plan intérieur que sur le plan extérieur et avec qui, digne et intelligente, l'impératrice savait agir de concert.

   Était-ce le bouddhisme, auquel adhérait tacitement le prince, qui amena Suiko à se rendre compte que son empire, faible, petit et parcimonieux dans l'introduction des choses extérieures, avait grand besoin des informations consistantes qui pourraient venir du continent, non seulement de la péninsule, mais de l'Empire du Milieu, la plus grande puissance de l'époque ?

   Au début de l'automne 607, Suiko envoya Ono-no Imoko, un de ses hommes de confiance, en ambassade dans la capitale de la Chine.  

   À l'automne, le 3 juillet [sur l'ancien calendrier], il fut envoyé en Grande Chine des Tang 大唐 un haut fonctionnaire Ono-no Imoko, accompagné d'un truchement dénommé Fukuri, fabricant d'arçon. (Nihon-shoki, Iwanami-bunko, 1995, vol 4, p. 110).

   Cette mission elle-même pour la capitale X'ian pouvait être suggérée également par Shôtoku-taishi. Mis à part de nombreux commentaires ultérieurs sur la signification de cet acte diplomatique qui aura eu sur l'avenir de l'archipel un grand impact politique et culturel, ce petit passage de deux lignes en chinois (pratiquement, une ligne. cf. ibid. p. 462) est riche en renseignements: tout d'abord, on disait dans la chronique: [Grande] Chine des Tang au lieu de Chine des Sui. L'anomalie (la dynastie Tang n'était pas encore lancée en 607) s'explique par le fait que le chroniqueur a noté cette mission un siècle plus tard, au début du VIIIe siècle, c'est-à-dire, au moment fort de la dynastie Tang.

   L'ambassadeur était flanqué d'un interprète d'origine chinoise. Le fait signifie qu'un fonctionnaire de Suiko, comprenant bien le chinois dans le texte, était incapable de le parler. Du coréen, pourtant, il en était autrement, car, à l'époque, de fréquents contacts avec la péninsule coréenne se seraient passés d'interprète. Remarquons enfin que se trouvaient dans l'archipel de nombreux Chinois, artisans ou intellectuels. (À suivre)

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Commentaires
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Merci de votre commentaire pour mon petit billet que j'avais publié août 2014! Merci aussi de votre lien que je trouve très intéressant et instructif.
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E
Merci pour cet article ! Un personnage très intéressant en effet que l'impératrice Suiko...<br /> <br /> https://histoireparlesfemmes.com/2018/02/08/suiko-premiere-imperatrice-du-japon/
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