Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Philologie d'Orient et d'Occident
8 juillet 2014

L'empire du Japon (12) - Le siècle des quatre impératrices

Philologie d'Orient et d'Occident (287)

                                         Le 08/07/2014     Tokyo  K.

L'empire du Japon: son essor et ses limites (12)

                                         Le siècle des quatre impératrices

Unknown

                                               Trois fleurs d'été par Misao Wada

   Akihito 明仁 (l'empereur n'a qu'un prénom, n'ayant pas de nom de famille), 80 ans, né en 1933 décembre, est le 125e empereur dans la généalogie archaïque, le 100e dans la dynastie Keitai, qui se serait perpétuée du début du VIe siècle jusqu'à présent (cf. billet 286). La dynastie Keitai, selon la thèse de Mizuno Yû (cf. billets 283, 285, 286), a donc duré plus de 1500 ans dans le triangle formé par Nara, Kyoto et Ôsaka.

   Le VIIe siècle, deuxième siècle de la dynastie Keitai, fut une période de tourmentes politiques et sociales. Fécond et salutaire cependant, ce siècle agité fut aussi une époque qui permit de rebâtir l'empire sur de nouveaux fondements idéologiques et législatifs, ainsi que de refonder les situations extérieures sur des bases plus réalistes. L'empire s'investit moins dans le continent et s'impliqua davantage à l'intérieur, dans le pays d'Émici (cf. billet 262

   Au VIIe siècle, dans le pays de la divinité féminine Amaterasu (billets 247, 248), on vit trois femmes gouverner le pays pendant 45 ans, un demi-siècle en substance. Le règne était déjà amorcé par la sage Suiko (554-628, règne: 592-628) qui, suffisamment libérée de la tutelle des Grands clans traditionnels et secondée par l'efficace prince Shôtoku-taishi (574-622) travaillant conjointement avec le clan bouddhiste Soga, savait promouvoir le bouddhisme afin qu'il devienne religion d'État.

   L'empire fut de nouveau gouverné par une autre femme à poigne, l'impératrice Kôgyoku-Saimei (cf. billet 245, règne Kyôgoku: 642-645, règne Saimei: 655-661). Elle se fit remarquer autant par ses visées politiques (prise de distances avec la péninsule et extension territoriale dans le nord-est) que par ses deux fils, deux princes exceptionnels.

   Le premier prince Nakano-ôe (626-672), futur empereur Tenchi (règne: 668-672), envisagea des réformes par lesquelles il voulait rompre avec l'antiquité. Son idée saugrenue de quitter la région de Nara, trop pétrie de vieilles habitudes, fut réalisée en 667 par le transfert du palais impérial dans une nouvelle résidence à Ôtsu, au bord du lac Biwa (dépt. actuel de Shiga). Ce déménagement était aussi une manière de camoufler son échec dans la politique étrangère: en 663, une coalition péninsulaire était venue à bout des activités militaro-commerciales des pro-japonais dans la Corée du sud. 

   Le prince Ôama, futur empereur Tenmu (cf. billet 142), se tenait à l'écart de son frère Nakano-ôe trop soupçonneux et susceptible. Une fois détenteur du pouvoir, cependant, il succéda à son frère et maintint les grandes lignes de ses réformes. Tenmu fit d'une des filles de son frère son épouse légitime, la future impératrice Jitô (cf. billet 249). C'est elle qui tint la bride de l'empire pendant 7 ans (règne: 690-697), après la mort de son mari empereur, survenue en 686.

   Le VIIe siècle au Japon fut donc une période très particulière, dirigée sur le même plan par deux frères empereurs farouchement opposés l'un à l'autre et encadrée par trois femmes singulièrement à poigne. Ce siècle connut en outre un grand conflit au sein de la famille impériale, la plus grande crise de l'histoire du Japon, par ses répercussions multiples: Jinshin-no Ran (cf. billets 249, 250). Mais c'est ce trouble intérieur qui consolida l'empire. Il en est sorti agrandi. 

   Le VIIe siècle, c'était aussi l'époque où les clans anciens autour de la famille impériale perdaient de leur influence au profit des nouveaux. Le vieux clan religieux, Mononobe, avait succombé devant le Soga qui était connu, dès avant le règne de Suiko (de la fin du VIe siècle au VIIe siècle), pour son ascendant moral qu’on a mis en relation avec sa provenance de la péninsule coréenne d'obédience bouddhique. Or, au milieu du VIIe siècle, la branche principale Soga a été anéantie par le prince Nakano-ôe, futur empereur Tenchi, et son fidèle serviteur Kamatari, sorti d'un petit clan: Nakatomi.

   Un peu avant sa mort, Nakatomi-no Kamatari (614-669) s'est vu décerner par l'empereur le nom de Fujiwara. À l'âge suivant (Heian), la famille Fujiwara donna toujours ses filles au palais, des courtisanes de haut rang, toutes issues de son clan, parmi lesquelles devaient être choisies pendant quatre siècles les épouses impériales. (À suivre)

Publicité
Publicité
Commentaires
Philologie d'Orient et d'Occident
Publicité
Archives
Publicité