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Philologie d'Orient et d'Occident
25 mars 2014

Le Nord-Est et l'Empire (4)

Philologie d'Orient et d'Occident (272)

                                          Le 25/03/2014     Tokyo    K.

Trois groupes Aïnou au Japon    

Le Nord-Est et l'Empire (4)

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Pousses de bambou «takeno-ko» par Misao Wada

   Le Koji-ki (712) et le Nihon-Shoki (720), les plus anciens écrits sur les successions de souverains où se résumait longtemps l'histoire du pays, étaient nés des archives impériales de la fin du VIIe au début du VIIIe siècle. Le matériau des deux livres était constitué de la généalogie de la famille impériale et des légendes oralement transmises.

   Compilés surtout de manière à rehausser l'autorité impériale, les livres ne produisent pas toujours faits et chronologies dignes de confiance. La date d'avènement du premier souverain Jinmu en 660 avant J.-C., se trouva fictive. Quant aux quatorze premiers empereurs, aucun signe de vie réelle. C'est seulement à partir du quinzième empereur Ôjin 応神, censé avoir régné vers la fin du IVe siècle, qu'on peut avoir une idée plus ou moins indéniable de leur existence. (cf. Tsuda Sôkichi, Œuvres complètes, Tokyo, Iwanami, 1963, vol. 1, p. 79. Inoue Mitsusada,  L'Origine de l'État japonais, Tokyo, Iwanami, 1960, p. 220).

   Introduits dans l'archipel depuis plus de 6000 ans BP, les Aïnou préexistaient à ces souverains fictifs ou réels. Torii Ryûzô, bien avant que soient proposées ces modifications de la chronologie des documents anciens, révélées au grand public seulement après la guerre du Pacifique, divisait en quatre groupes «ce malheureux peuple qui occupe nos régions extrême orientales du Nord, peut-être depuis plus de six mille ans et qui se meurt sous nos yeux». (Les Aïnou des Kouriles, Université impériale de Tokyo, 1919,  p. 268).

   «La race [sic] Aïnou-Koushi [Koushi=Kouriles] d'une remarquable unité, dès l'origine, par suite de circonstances spéciales dans lesquelles elle s'est trouvée, est allée peu à peu, dans le cours des siècles, se divisant en quatre groupes principaux, d'importance très inégale; le groupe Aïnou, le plus important de tous, demeuré au Japon [c'est nos ancêtres de Tohoku, Nord-Est de l'archipel. - N.D.A.]; le groupe Aïnou du Yézo [= Hokkai-dô], le second en importance; le groupe Aïnou des Kouriles Septentrionales, et enfin, le groupe des Aïnou du Saghalien (sic) ou Karafouto [= Sakhaline]» (ibid. p. 196).

   Toujours selon Torii, le groupe le plus important, accoutumé à la civilisation nouvelle de l'empire, aurait abandonné sa langue et ses coutumes aïnou, alors que les Aïnou des Kouriles continuaient de fabriquer de la poterie de style néolithique jusqu'à la fin du XIXe siècle, au moment de sa mission d'enquête dans les îles. Torii fait une distinction entre les deux groupes d'Aïnou: ceux de Hokkai-dô et les Kouriles:

   Quant aux Aïnou actuels du Yézo, avant leur hégire [sic] du Japon il y a environ 2000 ans, ils se livraient sûrement eux-aussi à l'industrie de la poterie [la même poterie est abondamment constatée au Japon. - N. D. A.]: mais depuis leur venue au Yézo, ils ont complètement cessé de s'y livrer. [...] les Aïnou du premier ban d'émigration,[...], hommes des huttes sous terre [sic], venus du Japon les premiers il y a environ 3000 ans, ont occupé d'abord le Yézo; et [...] ensuite sous la poussée des émigrants du second ban, leurs frères, ils durent passer dans les îles Kouriles (ibid. p. 197).

   Dans ces citations, retiennent notre attention trois dates des trois groupes aïnou. Le quatrième groupe, celui de Sakhaline, aurait été, à de légères différences près, identifié avec les Aïnou du Yézo. (cf. Torii Ryûzô, Manuscrits d'un vieil étudiant, Tokyo, Iwanami, 2013, p. 304. Publiés initialement à Tokyo, Asahi-shimbun-sha, 1953).

1)  La majeure partie de l'archipel aurait été occupée depuis plus de 6000 ans BP par les Aïnou dont le groupe le plus important a demeuré dans l'archipel (Honshû).

2)  Vers 3000 ans BP, il y aurait eu le premier exode des Aïnou de l'archipel dans le Yézo. Torii ne donne pas la raison de cette migration.

3)  Vers 2000 ans BP, il y aurait eu, de l'archipel, une nouvelle fuite très importante des Aïnou de l'archipel dans le Yézo, où, ils trouvèrent d'autres Aïnou très arriérés, car ceux-ci vivaient la même vie qu'à leur arrivée dans l'archipel 3000 ans plus tôt.

   Ces derniers, refoulés par les nouveau-venus, reculèrent plus au nord, dans les Kouriles, où les néolithiques se (re)mirent à s'adapter tant bien que mal au climat boréal tandis que les nouveaux arrivants de l'archipel étaient déjà incapables de résister. (À suivre)

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