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Philologie d'Orient et d'Occident
17 décembre 2013

Le Tôhoku (30) La sensibilité religieuse de Kazuno

 

Philologie d'Orient et d'Occident (258)
                                    Le 17/12/2013,     Tokyo    K.

La sensibilité religieuse du canton de Kazuno, autour de la guerre du Pacifique (1941-1945)

Le nord-est contre l'empire (14)      Le Tôhoku (30)

001123

Nèfles par Misao Wada

 

   Aux confins nord du bassin de Kazuno (cf. billet 257), l'auteur de ce petit billet est né juste avant que se concrétisent les hostilités entre les États-Unis et le Japon, qui se toisaient jusque là sans se toucher, campés sur les deux rives du Pacifique. En décembre 1941, une escadrille de sous-marins japonais dont les opérations dissimulées étaient jumelées avec celles, simultanées et voyantes, des chasseurs Zéro, a attaqué sans crier gare une flotte de porte-avions américains rassemblés en rade dans la baie hawaïenne Pearl Harbor.

   La guerre qui commença ainsi se termina en été 1945, avec des conséquences terribles: Tokyo rasée (sauf le palais impérial, pourquoi?) sous les bombes au napalm (la plupart des maisons étaient en bois et en papier à l'époque), Hiroshima et Nagasaki détruites par deux bombes atomiques. D'autres grandes villes, grands ports tels que Yokohama, Nagoya, Ôsaka ou Kobe, tous situés de la côte Pacifique, ont eu le même sort. Le pourcentage des pertes humaines dans Okinawa, île principale des Ryûkyû (cf. billets 34, 39), fut de loin le plus élevé du pays.

   De toutes les préfectures bombardées, les dégâts étaient pourtant moins considérables dans le nord-est que dans le sud-ouest. Les raids aériens américains épargnèrent les villes du nord-est, sauf les grands villes portuaires de Sendai, de Niigata (port pétrolier) ou d'Aomori - on raconte qu'on avait pu voir depuis la frontière nord de Kazuno (situé à 60 km au sud de ce port) un embrasement du ciel au-dessus d'Aomori, lors d'un bombardement du port, à la fin de la guerre.

   Comparé au centre ou au sud-ouest, le nord-est, moins développé, moins peuplé, moins civilisé et plus fruste, donc sans importance industrielle et économique, n'avait pas mérité le déploiement destructeur de toutes les forces de la machine de guerre.

   Des images réelles de la guerre, l'auteur du présent article, alors trop petit, ne garde aucun souvenir vraiment marquant, sauf quelques vols des chasseurs américains qui se hâtaient au ras du sol vers le nord. On n'y opposa aucune opération anti-aérienne.

   Il lui est arrivé une fois d'entrevoir juste au-dessus de sa tête un jeune soldat qui, depuis son poste de pilotage, riait de toutes ses dents blanches, rasant le sol. Un cauchemar. 

 Sa ville n'a pas été bombardée malgré la présence d'un gigantesque bassin minier, une mine de cuivre à ciel découvert (l'un des trois grands gisements du pays) qui aurait été certainement repérée et ciblée par les Américains, à cause de l'importance du minéral. La guerre finie, on a prétendu n'importe quoi: un formidable bombardement de la ville était prévu au jour même de l'arrêt des combats: le 15 août, 1945, et patati et patata.

    L'année suivante (1946) au mois d'avril (c'est la rentrée des classes au Japon), le futur auteur de ces lignes fut envoyé dans le jardin maternel «Sainte Marie», dont le siège, fondé en 1931 dans la ville par Theresia Illerhaus (1890 en Allemagne -1965 à Yokohama), avait été transféré l'année suivante dans son emplacement actuel un peu à l'écart de la mine.

   Fait aux jeux dans la nature, donc, las des menues activités futiles auxquelles on était tenu de se livrer en commun, dans un lieu clos et sous les yeux des religieuses, l'enfant rebelle a vite cessé de fréquenter le jardin d'enfants catholique pour retourner dans les champs. Il ne marquait que deux ou trois jours de présence dans l'asile d'enfants. Figurez-vous la déception, la colère et le désespoir de ses parents! D'ailleurs, son père, débordé par son travail d'ingénieur, n'avait pas le temps de s'occuper de son enfant peu docile, pour le plus grand bonheur de ce dernier.

   La mine, industrie moderne, avait aliéné les habitants au bouddhisme qui n'était pas autant enraciné que dans le centre du pays. À 10 km au sud de la ville, dans le hameau isolé Magata, a été édifiée en 1892 une charmante chapelle en bois harisutosu «Christ», par un charpentier de confession orthodoxe qui était rentré dans son pays du chantier de construction de l'église Nikolaï d'Ochanomizu, Tokyo, achevée en 1891. (À suivre)

 

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