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Philologie d'Orient et d'Occident
8 janvier 2013

L'étymologie de Itoshiro (4)

Philologie d'Orient et d'Occident (211)

                                          Le 08/01/2013, Tokyo     K.

L'étymologie de Itoshiro, un nom de lieu de Mino,

aux confins de Hokuriku-dô et de Tôzan-dô (4)

camelias_wada

Camélias en guirlande de pâtes de riz
(décor du nouvel an à Takayama), par Misao Wada

   En mars 1937, lorsque l'ethnologue Miyamoto Tsuneichi (1907-1981, cf. billet 209) s'est rendu à Itoshiro, village de montagnes, encore sous la neige, celui qui l'a reçu et aidé dans ses enquêtes était 石徹白藤之助 Itoshiro (ou Ishitoshiro) Fujinosuke, vénérable septuagénaire, directeur de la poste du village et prêtre shintoïste du temple Hakusan Chûkyo (consacré au culte Hakusan, Mont Blanc), situé en amont de la rivière Itoshiro à l'entrée du vaste sanctuaire.

   Avant de repartir le troisième jour, l'ethnologue avait passé deux nuits de suite dans une auberge à l'enseigne de Fuji-ya, 藤屋, tenu par le maire du village, frère cadet du vieux prêtre. Revenu cinq ans après dans le même village pour y passer également deux jours d'enquête, en 1942 novembre, il a eu avec le prêtre Itoshiro une longue conversation sur les activités actuelles du village.

   Un incendie issu des bombardements aériens vers la fin de la guerre a presque tout détruit des documents laborieusement recueillis lors de ses deux voyages à Itoshiro, sauf une petite quantité de manuscrits restés intacts et avec lesquels il a pu réaliser son livre en 1949 (cf. billet 209).  

   Ce qui est un peu étonnant est que pendant ces deux séjours, l'idée ne lui soit jamais venue de s'interroger sur l'identité du patronyme du vieux prêtre Itoshiro (ou Ishitoshiro) avec le nom du village Itoshiro ou Ishitoshiro. Quelques uns affirment que la lecture Ishitoshiro précédait Itoshiro, en disant que le village, avant sa fusion en 1958 au bourg voisin Shirotori de Mino, s'appelait, du côté Echizen, Ishito(do)shiro.

   Ils ont parfaitement tort puisque le livre de Miyamoto Tsuneichi intitulé Echizen Itoshiro Minzokushi (cf. billet 209) était publié en 1949, c'est-à-dire, avant la fusion. On n'a même pas à se rappeler la constatation de Yanagida Kunio en 1911 de la lecture Itoshiro: «Ici aussi, 石徹白 (Ishitoshiro) se dit Itoshiro» (cf. billet 209).

    Pour le patronyme, l'usage actuel use de la prononciation Ishito()shiro et pour le toponyme, d'Itoshiro. Miyamoto Tsuneichi n'a pourtant pas précisé de quelle façon se disait le patronyme du prêtre qui l'avait accueilli. Son insouciance de la lecture exacte du nom venait sans doute de son assurance que lorsque deux noms, un toponyme et un patronyme, coexistaient, c'était le toponyme qui précédait d'habitude le patronyme et non l'inverse.

   Taguchi Masaru, auteur des Sites d'anciens châteaux aux environs du Haut-Shirakawa et Nakano (Bulletin du Hida Médiéval, no 1, Takayama, 2010), ne nous a fourni aucune suggestion éclairante sur la lecture des trois idéogrammes 石徹白, nom d'une des douze familles tributaires-constitutives du temple Hakusan Chûkyo au XVIe siècle, ni des deux idéogrammes 三木, nom d'une puissante famille seigneuriale dans la région de la même époque, qui ne se prononce pas Miki mais Mi-tsu-ki avec -tsu- conjonctif. L'auteur a confiance dans la faculté de lecture de son lecteur s'y connaissant en noms propres du pays. L'ethnologue Miyamoto a sans doute eu la même réflexion, lorsqu'il présentait ce nom au lecteur par ces kanji peu usités 石徹白.

    La série de 4 ou 5 syllabes: I(shi)toshiro, ne pouvait s'analyser à mon avis qu'en deux sémantèmes: i(shi) + toshiro. Les deux éléments i et ishi étant certainement japonais, leur lien n'est pourtant pas bien clair. Les toponymes tels que I-sawa (石和) et I-surugi (石動), l'un, contraction de ishi (pierres) + sawa (vallée), l'autre, de ishi + yurugi (se mouvoir), peuvent témoigner de l'antériorité de ishi à i-. Mais dans le cas 石徹白, le second élément -toshiro, inexplicable en japonais, fait difficulté à l'interprétation selon laquelle Itoshiro serait postérieur à Ishitoshiro.

   S'il était possible d'ajouter le japonais presque insignifiant 石 ishi «pierre» au terme étranger, il le serait davantage d'ajouter l'ancien préfixe emphatique i- (cf. i-kui «pieu sacré», i-gaki «haie sacrée») au même élément. Ici ne serait pas en question la contraction de ishi en -i. De toute manière, l'essentiel du toponyme I(shi)toshiro n'était que -toshiro.  (À suivre).

 

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