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Philologie d'Orient et d'Occident
26 juillet 2011

Le cheval dans le Koji-ki (1)

Philologie d'Orient et d'Occident (135)
                                          Le 26/07/2011, Tokyo      k.


    Le cheval dans le Koji-ki, le plus vieux document de l'empire (1)



     Le Koji-ki « récit des vieux faits » (rédigé en 712) est le plus ancien ouvrage historique de l'empire du Japon, écrit en chinois classique et en japonais dans l'utilisation phonétique des idéogrammes. Divisé en trois volumes, il contient légendes, poésies et épisodes dont la véracité est incertaine, concernant la première famille souveraine du pays. Le récit historique est relaté en chinois classique, la poésie, rendue en japonais en idéogrammes phonétiques.

     En 720, huit ans après la rédaction du Koji-ki, est apparu un autre livre historique plus important : le Nihon-shoki « Annales du Japon », composé en chinois classique, sauf quelques passages poétiques en japonais en idéogrammes phonétiques, divisé en trente tomes. Il couvre en gros les mêmes époques que le Koji-ki : des temps mythologiques aux temps historiques. Le Nihon-shoki, plus historique, est un complément détaillé du Kojiki, plus littéraire.

     On peut constater que les deux plus anciens livres historiques se terminent par la période de deux souveraines dans un empire où les souverains sont presque toujours de règle. Le Koji-ki prend fin au règne de l'Impératrice Suiko 推古 (593-628, 33e empereur), le Nihon-shoki, au règne de l'Impératrice Jitô 持統 (690-697, 41e empereur). En 2011, c'est le règne du 125e empereur.

    Le cheval fait son apparition dans un épisode de l'époque de l'empereur Sujin 崇神, le dixième empereur. Selon le Koji-ki, le règne de cet empereur est situé avant Jésus-Christ, alors que dans l'histoire, il est le premier empereur dont l'existence puisse être supposée véridique. Il aurait vécu au cours du IIIe au IVe siècle.

 Tous les historiens, dignes de l'être, s'accordent à penser que le premier empereur Jinmu 神武 dont le règne est situé, d'après le Nihon-Shoki, vers plus de 2 670 ans BP avait une existence mythologique. Les huit empereurs qui auraient régné entre le premier, Jimmu et le dixième, Sujin, passent pour des personnages sinon irréels, du moins mythologiques, fantômes, créations imaginaires qui donneraient de la durée et une certaine crédibilité à la généalogie impériale.

     Pourtant, il y a un commun entre les travaux hautement fictifs du premier empereur Jimmu et ceux du dixième empereur Sujin dont on suppose le règne au début du IVe siècle. Il s'agit de l'intention de conquérir l'est du pays.

     Le Koji-ki fait partir en conquête le prince Jinmu du temple Takachiho situé au nord du département actuel de Miyazaki (Kyûshû, grande île du sud), passer le détroit qui sépare Kyûshû et Honshû, se diriger vers Ôsaka et parvenir finalement à la presqu'île Kiï (dépt. actuel Wakayama). Son armée aurait effectué pendant son voyage plusieurs séjours excessivement prolongés (d'un an, de sept ans et de huit ans) dans d'autres temples (Koji-ki,  p. 79 dans l'édition coll. Iwanami 1988). L'empereur rencontre au pays de Kiï et ailleurs nombre de monstres : dieux transformés en ours, hommes à queue, de grandes araignées de terre. Il parvient à soumettre tous ces dieux sauvages, pas toujours en les passant au fil de l'épée mais en les amadouant, voire, en les rendant à la raison.

     Le Koji-ki ne fait que très peu de mentions des moyens de locomotion de l'expédition qui n'aurait certainement pas été en petit nombre, ou du transport des vivres. Il y aurait seulement eu des bateaux pour passer la mer intérieure Séto, aucune description de bêtes de somme, par contre. L'armée impériale semble avoir progressé à pied. Le corps expéditionnaire aurait-il été constitué uniquement de fantassins ? Sans doute. Est-ce un indice que l'expédition avait eu lieu à une époque où le cheval n'était pas présent dans le pays (cf. billets 131 et 134) ? C'est très probable. Dans les temps mythologiques, il n'y avait ni chevaux ni bœufs.

    L'intention impériale de progresser vers l'est semble avoir été réalisée au IVe siècle. Car, le centre du pouvoir n'est plus là où aurait dominé le légendaire empereur Jinmu, au centre de Kyûshû, mais au centre ouest de Honshû. (À suivre).
 

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