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Philologie d'Orient et d'Occident
29 juin 2011

Les chevaux et l'empire (6) Les Annales des trois règnes

Philologie d'Orient et d'Occident (132)
                                         Le 29/06/2011, Tokyo       k.


       Les chevaux et l'empire (6)
       Les Annales des trois règnes (10)



     L'empereur Montoku (827-858, règne 850-858 en ancien calendrier) se situa au centre de la Chronique du règne de l'empereur Montoku (879), la cinquième des Six Chroniques de l'empire 六国史 (cf. billet 124). L'empereur Seiwa (850-880) lui succéda, très jeune, à la tête du pays. La longueur de vie qui aurait été permise d'ordinaire aux hommes de l'époque n'aurait pas été accordée à ces deux gouverneurs. Ils succombèrent, à peine âgés de trente ans, sous le fardeau des fonctions impériales.

     Pendant son règne (858-876), l'empereur Seiwa exécuta scrupuleusement son office du sept janvier, consistant en la revue des chevaux au Palais Shishin-den, le remaniement ministriel et la présidence du grand banquet qui ouvrait l'année. Il n'y a manqué que deux fois : en 859 et 872.  Janvier 859 était l'occasion de son premier passage en revue officiel des chevaux, les Annales ne commençant qu'en août 858, l'année où est décédé l'empereur, son père, Montoku. En deuil donc en janvier de l'année 859, la tradition impériale exigeait son abstention des offices du nouvel an.

      L'Écurie (méryô 馬寮) de l'empire était constituée de deux annexes : sa-méryô « écurie sénestre » et u-méryô « écurie dextre ». L'empereur confiait au directeur de ces deux établissements hippiques une des fonctions de taille pour maintenir la puissance de l'État et assurer sa survie.

     Le décès de sa mère l'Impératrice en septembre 871 marqua une autre absence de l'empereur au Palais Shishin-den en 872. Au lieu d'y aller voir les chevaux, il fit venir dans la cour intérieure sept chevaux (ao-uma, cf. billets 127, 128) de chaque écurie pour les passer en revue. Tant les chevaux à la couleur luisante fascinait l'empereur Seiwa. C'est de lui que devait dériver le plus puissant des clans de Samouraïs, Seiwa-Genji, qui allait dominer pour longtemps le pays.

     Absents de l'archipel aux premiers siècles, les cheveaux se révélaient au IXe siècle un des éléments indispensables à la puissance de l'État.  Les chevaux, versés au tribut, venaient remplir les écuries impériales de Kyoto non seulement des régions du nord-est telles que Sinano (Nagano actuel), Musashi (Kantô) ou Kôzuké (Gumma) mais aussi du sud-ouest, Kyûshû ou Shikoku.

     L'élevage des chevaux se pratiquant dans le pays, quel était donc le rôle du cheval dans la gestion économique du pays ? Le système d'impôt était représenté au Japon antique par la terminologie tripartite : so-yô-tyô 租庸調. So 租concernait l'impôt sur le morceau de rizière de location accordé par l'État à tous les paysans atteints de l'âge majeur. 庸, la corvée, convertible, s'il en était besoin, en service militaire. Tyô 調, la contribution en nature des spécialités du pays.
     Dans les régions connues pour leur élevage hippique telles que Sinano, Musashi, Kôzuke, Shimotsuké (Totchigi), Hitachi (Ibaraki), les chevaux étaient souvent inclus dans la catégorie tyô.

     Dans certains pays du sud, la condition géologique ou climatique se révélait peu favorable à l'élevage sinon bovin du moins hippique. Les habitants d'une île de Shikoku présentèrent, le 13 octobre en 876, la pétition suivante au gouvernement de Kyoto :

     L'annuité de bétail de l'île est de quatre chevaux et de deux bœufs. Nous reste encore trois cents autres chevaux et autant de bovidés. Dans notre île aux pauvres pâturages, les quadrupèdes se multiplient, piétinent de jeunes pousses, dévorent ensemble le blé qui va mûrir. Nos paysans sont au comble de la détresse. Qu'il nous soit autorisé de vendre tout ce bétail en dehors de l'annuité et d'assigner le gain au paiement de l'impôt. (Les Annales des trois règnes).  Ce souhait sera exaucé.

     La pétition nous le fait savoir : l'élevage et la riziculture étaient deux grandes activités liées fortement à l'économie de l'État : l'élevage des chevaux était une entreprise d'échelle nationale : on commençait à se rendre compte qu'il y avait des terres non propices à l'entreprise. (Pause pour les Annales des trois règnes).

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