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Philologie d'Orient et d'Occident
2 mars 2010

Δίδωμι, ya-ru, (H)yo « donner » ou « associer » - Une correspondance (?) entre japonais, chinois et grec ancien (3)

Philologie d'Orient et d'Occident (5)

Le 2/03/2010 à Tokyo 

Δίδωμι, ya-ru, (H)yo « donner » ou « associer »
- Une correspondance (?) entre japonais, chinois et grec ancien  (3) -



      Mon cher et illustre ami Jean-Pierre Levet, professeur de l'Université de Limoges, m'a fait parvenir son commentaire sur mon étymologie de δίδωμι. Je me permets de le reproduire ici avec son autorisation.


                   (Le signe H1 représente une laryngale à coloration vocalique en e,
                                                  H2 en a, H3 en o.)

   

     Ton étymologie est passionnante. Depuis une semaine, j'essaie de voir comment on pourrait justifier phonétiquement le rapprochement que tu proposes en parvenant à poser une forme qui serait l'ancêtre de celle du japonais, du chinois et du grec (donc de l'indo-européen).
La racine indo-européenne est *deh3- *dh3-, bien recensée par Pokorny. Elle donne, en indo-européen, un présent à redoublement (skt dadāmi, grec δίδωμι). Mais si l’on souhaite trouver un ancêtre commun au niveau du nostratique ou plutôt du grand nostratique (chinois inclus), il faut imaginer une base purement nominale, antérieure aux formations verbales.
     Chez Pokorny, on trouve mention d’un nom sanskrit dāya- (de *deH3-y-) « cadeau ». D’autre part, l’explication la plus simple de l’alternance constatée entre vieux-slave daru et grec δῶρον d’une part, et sanskrit dānam, latin dōnum d’autre part, consiste à poser un vieux neutre hétéroclitique de l’indo-européen à suffixe *r/n, avec création secondaire de deux paradigmes distincts, soit en r, soit en n, avec thématisation ultérieure.
     Greenberg ne nous est d’aucun secours. De sa racine *to « donner », on ne retiendra, en effet, que les formes indo-européennes et l’étrusque tur (<*dōr), les autres données proposées étant manifestement trop imprécises. Supposons que l’on puisse partir de *deH3-y- / dH3-y-.
      Tout ce que je vais maintenant écrire est purement théorique. On pourrait imaginer une métathèse, *H3y-3 > *yH (ce type de métathèse est attesté en indo-européen pour d’autres racines et a été bien étudié par Benveniste). Donc on aboutirait à *dyH3. or, en phonétique générale (et indo-européenne), le traitement de *dy- par assimilation régressive est courant, comme tu le sais, si bien que *dy- > yy, avec simplification d’une consonne géminée à l’initiale absolue, on obtient y- ; ajoutons un traitement vocalique a/o pour laryngale, on parvient alors à ya-/yo.
      La présence de H à l’initiale du verbe chinois devient cependant difficile à expliquer (la laryngale/pharyngale laisserait-elle alors (???) une double trace, vocalique et consonantique, avec anticipation de cette dernière devant y, d’où Hyo-. Mais tu le vois, mon raisonnement n’a rien de scientifique et relève de l’imagination pure. Il faudrait, pour l’étayer, trouver des exemples parallèles.
      On peut aussi partir de *d°H3, avec une voyelle d’appui dans le groupe de consonnes initiales de syllabe et passage à y de cette voyelle d’appui. On trouve cela dans des noms de ruisseaux, que je considère comme eurasiatiques (La Jordanne, à côte de la Dordogne, de *d°H-). A partir de dyH-, on retrouve les évolutions précédemment supposées.

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Commentaires
C
Greenberg, Joseph H. Indoeuropean and its Closest Relatives: The Eurasiatic Languages Family, 2 vol., Stanford: Stanford UP, 2000-2002.<br /> <br /> Pokorny, Julius. Indogermanisches etymologisches Wörterbuch. Bern: Francke, 1959, 1989.<br /> <br /> A compléter ?
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